Biomarqueurs et maladie de Parkinson

Où en sommes-nous en 2015 ?

Publié le 22/06/2015
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Le diagnostic de maladie de Parkinson (MP) « idiopathique » a toujours été porté sur des caractéristiques cliniques (United Parkinson’s Disease Society Brain Bank), en tenant compte d’une sémiologie motrice décrite de longue date : la présence d’un syndrome parkinsonien, sa topographie asymétrique et focale et sa dopasensibilité persistante au long cours avec la survenue fréquente de dyskinésies.

Dans la MP il existe une corrélation entre la perte neuronale dans la substantia nigra, la durée évolutive de la maladie et l’intensité des symptômes ; un foyer de mort neuronale suffit et explique les symptômes localisés fréquents en début de maladie. De plus, des mécanismes de compensation sont mis en évidence et peuvent gêner la détection des troubles moteurs subtiles aux stades très précoces de la maladie (l’augmentation de cadence pour compenser la diminution de longueur des pas à la marche, par exemple).

D’un point de vue physiopathologique et neuropathologique, on sait aujourd’hui qu’il n’existe pas « une » mais « des » MP : la présence de corps de Lewy (lésion neuropathologique non spécifique) est associée à la plupart des MP. D’autre part, il n’y a pas de rapport entre la densité des corps de Lewy et l’importance de la mort neuronale. Enfin, de nombreuses mutations peuvent provoquer des lésions de la substantia nigra, avec ou sans corps de Lewy, responsables d’un syndrome parkinsonien (G2019S de la LRRK2 par exemple).

Nous ne disposons pas aujourd’hui de biomarqueurs biologiques ou d’imagerie utilisables en pratique courante, par exemple dans le liquide cérébrospinal comme dans la maladie d’Alzheimer, qui permettrait de faciliter le diagnostic.

Des signes cliniques d’orientation

Néanmoins, quelques pistes méritent réflexion. La recherche de signes non-moteurs doit être systématique car ils précèdent de plusieurs années les signes moteurs : une hyposmie, des troubles du comportement en sommeil paradoxal, une dépression, une constipation, une apathie, des troubles visuels, une plainte cognitive (lenteur d’idéation). De plus, la bradykinésie représente par définition le signe clinique principal : il s’agit d’un décrément en vitesse et en amplitude lors de mouvements répétitifs ou d’une lenteur d’initiation lors du mouvement. Le risque est de porter à tort ce diagnostic (faux positif). Identifier avec plus de précision les signes moteurs au cours de la phase prodromale constitue donc un challenge pour tenter à terme de préciser le seuil au-delà duquel ce symptôme peut être considéré comme pathologique. Différentes épreuves faisant intervenir des tâches spécifiques ont été développées : le Purdue Pegboard Test, le Time up and go Test, la Time Motor Test Battery. Des systèmes portables permettront peut-être bientôt d’identifier plus facilement une lenteur gestuelle et/ou de la marche dans la vie quotidienne.

Explorations digestives, cérébrales…

D’un point de vue paraclinique, des biopsies digestives (coliques ou du tube digestif haut) pourraient constituer à terme un apport diagnostique, grâce à la mise en évidence d’inclusions d’alphasynucléine dans les plexus nerveux, au niveau des muqueuses coliques et gastriques.

L’échographie transcrânienne de la substance noire a également été étudiée dans plusieurs cohortes de plus de 1 200 personnes âgées et a permis de corréler la présence d’une bradykinésie et d’un score UPDRS élevé avec une hyperéchogénicité de la substance noire.

Enfin, la description récente d’anomalies précoces de la sphère axiale chez certains patients parkinsoniens suivis de façon prospective depuis le diagnostic (troubles respiratoires, anomalies qualitatives de la déglutition, anomalies rythmiques motrices paroxystiques de la parole ou de la marche) contribuera à améliorer la taxonomie et l’influence des signes axiaux dans la sévérité et l’évolution des différents phénotypes de MP.

CHRU de Lille, Inserm UMR 1 171
Dr Caroline Moreau, Pr Luc Defebvre

Source : Bilan spécialiste