T OUS les ans, depuis 1992, le réseau national de surveillance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et les services de l'hygiène et des affections tropicales de l'université de Londres, rendent public un rapport sur l'évolution épidémiologique de cette affection en Grande-Bretagne.
Pour la première fois en 1999 (statistiques dévoilées en 2000 à Edinbourg), les experts ont rapporté une majoration de la prévalence de la maladie, liée au nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, dans la partie nord du pays.
L'équipe du Dr Simon Cousens publie dans le « Lancet » de nouvelles données qui prennent en compte l'ensemble des cas survenus dans ce pays entre 1991 et le 10 novembre 2000. Durant cette période, 85 cas d'encéphalites - un cas en Irlande du Nord - ont été recensés. 75 d'entre eux ont été mortels et 68 confirmés par examen anatomopathologique. La médiane de survenue de l'affection a été de 26 ans (entre 12 et 74 ans) et la répartition selon les sexes est restée tout au long du suivi homogène.
La période d'exposition maximale
Les investigateurs se sont intéressés au lieu de résidence des personnes atteintes au 1er janvier 1991, correspondant à la période d'exposition maximale au risque d'ingestion d'animaux atteints d'encéphalite spongiforme bovine (ESB). « Nous avons, comme en 1999, retrouvé une majoration de l'incidence au nord de la Grande-Bretagne (46 cas pour 16,6 millions d'habitants dans le nord et 39 cas pour 31,2 millions d'habitants dans le sud) », expliquent les auteurs. L'équipe a aussi individualisé un groupe cohérent de 5 jeunes gens vivant à Queniborough (comté de Leicestershire). Chez ces patients, les experts britanniques jugent « biologiquement plausible » une infection par l'ESB via du muscle bovin contaminé par du tissu cérébral lors de l'abattage ou de dépeçage (« le Quotidien » du 23 mars 2001).
L'équipe britannique a, dans un second temps, croisé son travail avec les résultats de deux grandes enquêtes de consommation alimentaire mises en place en Grande-Bretagne au cours des années 1980. La première (the Dietary and Nutritional Survey of British Adults) a analysé, durant une semaine, les apports alimentaires de plus de 2 000 Britanniques selon leur région d'habitation (4 régions individualisées). L'autre (the Household Food Consumption and Expenditure Report) a détaillé le régime de 20 000 écoliers issus des 9 régions représentant la Grande-Bretagne.
Si les auteurs ne retrouvent aucun lien entre les résultats de la première enquête et les cas d'affections liée au nvMCJ, ils rapportent que, selon les données de la seconde étude, les personnes vivant dans le nord du Royaume-Uni tendent à consommer une quantité plus importante de « tourte à la viande » alors que les habitants du sud consomment plus de viande hachée et de brochettes. « Ces données disparates ne permettent pas de comprendre la propagation de l'épidémie au Royaume-Uni, dans la mesure où les animaux ne sont pas systématiquement produits à l'endroit où ils sont consommés », concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 357, pp. 1002-1007, 31 mars 2001.
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