Nuit noire...

Un groupe de jeunes parisiens sème la terreur en faisant exploser des bombes dans Paris. Alors que toute la police de la capitale est sur le pied de guerre, ils se réfugient dans un grand magasin, espérant regagner leurs domiciles le lendemain. Ils seront abattus un par un. Avant même sa sortie, Nocturama faisait grand bruit. Le tournage (sous le titre de Paris est une fête) était commencé quand survinrent les attentats du 13 novembre contre Charlie Hebdo. Difficile dès lors de ne pas penser à d’autres interventions policières bien réelles. Devenu entre-temps symbole des rassemblements post-attentats, le titre prévu dut être changé. Une chose est sûre : en aucun cas le film ne fait l’apologie du terrorisme. Rien ne nous est dit sur les motivations des personnages, qui sont de catégories sociales différentes, certains presque encore adolescents. « Cela devait arriver » dit une passante, et c’est censé résumer les désillusions de leur génération.

La question qui se pose concerne la beauté du film, qui est remarquable. La mise en place des bombes est filmée comme une chorégraphie. Même élégance pour la nuit d’attente qui suit, le magasin où se sont réfugiés les jeunes devenant symbole de la société de consommation qu’ils rejettent. Bonnello s’autorise alors des scènes peu crédibles. Certes, l’inquiétude domine chez certains, mais d’autres se maquillent, on met la sono à fond, l’un se lance dans un karaoké sur un tube célèbre, clip soudain qui surprend. Autant de concessions au cinéma spectacle, qui culmine avec l’assaut des forces de l’ordre superbement filmé comme l’épilogue d’un polar à suspense. Où est passé le sujet du film ? Peut-on faire de l’esthétisme sur un thème aussi grave que le terrorisme aveugle ? Reste une évidence : Bertrand Bonnello est un grand cinéaste.

Film français de Bertrand Bonnello (130') avec Vincent Rottiers, Finnegan Oldfield, Hamza Meziani.