LE QUOTIDIEN : Comment jugez-vous le cru 2019 ?
CATHERINE DEROCHE. Ce n’est pas un budget en rupture avec le précédent. Il contient certes des éléments positifs, en particulier un ONDAM (dépenses d'assurance-maladie) relevé à 2,5 % et des mesures sur la prévention, la vaccination et l'accès aux molécules innovantes. Mais, une fois encore, des efforts d’économies importants sont réclamés au médicament et aux hôpitaux, déjà en grande difficulté. Et l’inquiétude demeure sur la création des assistants médicaux. Personne ne sait si les moyens suivront.
La commission va-t-elle déposer des amendements ?
Pour le moment, nous n’avons rien finalisé. Nous souhaitons en tout cas que la ministre s'engage et lève l'ambiguïté qui persiste sur le déploiement des communautés professionnelles de territoire (CPTS) et des assistants médicaux. À propos de ces derniers, leur recrutement permet certes de dégager du temps médical. Mais seront-ils des infirmières ? Des secrétaires médicales cantonnées à l’administratif ? Des aides-soignants en reconversion ? Tout cela est très flou ! Nous avons l’impression de signer un chèque en blanc au gouvernement !
Pour accélérer le recours aux génériques, l’assemblée a voté la suppression de la mention manuscrite NS, tout en imposant aux médecins de se justifier médicalement s’ils s’opposent à la délivrance d’un générique. Allez vous soutenir cette mesure ?
Je suis favorable à la suppression de la mention manuscrite. Mais doit-on pour autant demander aux médecins de cocher dans des cases s’il ne souhaite pas la délivrance de génériques ? Cela doit se faire au niveau du pharmacien. Il y aura sur ce dispositif un amendement de précision pour savoir comment la justification médicale devra se traduire.
Êtes-vous favorable au forfait de réorientation des patients légers des urgences vers la ville ?
Pas du tout ! Le rapporteur [et député de l'Isère LREM] Olivier Véran propose avec cette mesure introduite par amendement de désengorger les urgences. Si le principe est à soutenir, le montage tel qu’il est défini ne me convient pas. Lors de la discussion en commission, je demanderai la suppression de cet article.
Allez-vous soutenir le dispositif qui permet aux pharmaciens de délivrer des médicaments à prescription médicale obligatoire sans passer par le médecin ?
Non. Il ne faut pas modifier les contours des métiers en invoquant la problématique de l'accès aux soins. Nous soutenons la bonne association du pharmacien dans le parcours des soins. Nous soutenons aussi l'élaboration d'un protocole entre le médecin et le pharmacien pour faciliter le renouvellement des traitements. Mais la prescription doit rester dans le domaine médical.
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