L'épidémie de coronavirus a beaucoup préoccupé le corps médical ces dernières semaines. Elle a aussi posé beaucoup de questions à l'Académie française. Gardienne sourcilleuse du bon usage de la langue française, l'Académie recommande d'utiliser le mot Covid-19 au féminin plutôt qu'au masculin alors même que l'usage majoritaire en France est d'utiliser ce terme apparu avec l'épidémie de coronavirus au masculin.
Dans un avis rendu le 7 mai, les Académiciens souligne que « Covid est l’acronyme de corona virus disease ». « Les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation, rappellent les Immortels. On dit ainsi la SNCF (Société nationale des chemins de fer) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. » Autrement dit, pour un acronyme c'est le genre du mot principal qui compte.
La difficulté avec Covid est qu'il s'agit d'un acronyme d'origine étrangère. Covid est l'abréviation du terme anglais "Coronavirus disease" qui se traduit par "maladie du coronavirus". "Maladie" étant un mot féminin, la règle devrait donc bien être d'employer le féminin quand on utilise le terme Covid.
L'usage fait la loi
Au Québec, bastion francophone d'Amérique du Nord, on utilise le mot Covid au féminin.
Mais, une autre des règles fondamentales d'une langue est son usage courant. « L'usage fait la loi », ont coutume de dire les linguistes. Dans le cas du mot Covid, force est de constater que le masculin s'est imposé notamment dans les médias mais pas seulement.
Depuis le début de l'épidémie, le gouvernement parle du Covid au masculin, l’Institut Pasteur également.
« Pourquoi l’emploi si fréquent du masculin le Covid 19 ? » s'interroge l'Académie française.
« Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du coronavirus, groupe qui doit son genre (...) au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque », répond-elle.
Dans leur immense majorité, les médias utilisent le genre masculin en parlant du Covid-19. Le Généraliste en fait partie et, dans un souci de cohérence, va continuer de le faire, que les Immortels lui pardonnent.
L'Académie prend ses distances avec la « distanciation sociale »
De la même façon, l'Académie ne goûte guère l'expression « assez peu heureuse », selon elle, de « distanciation sociale », une transcription de l'anglais "social distancing".
« Distanciation », explique l'Académie, désigne dans son sens premier « le refus de se mêler à d’autres classes sociales ». « On suppose pourtant que ce n’est pas le sens que l’on veut donner aujourd’hui à ce nom », ironise l'Académie.
« Peut-être aurait-on pu parler de "respect des distances de sécurité", de "distance physique" ou de "mise en place de distances de sécurité" », suggère l'Académie.
On attend que l'Académie se penche désormais sur le mot "déconfinement"... absent de tous les dictionnaires.
Avec AFP
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