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Naissance de Rhazes

Publié le 21/06/2015

Rhazes (ou Razi) est né dans la ville de Rayy, ville située 15 km à l'ouest de Téhéran où avait également résidé Avicenne durant quelques années.

Passionné par la musique - et le luth en particulier - durant sa jeunesse, Rhazes va par la suite étudier la philosophie, les mathématiques, l'astrologie et l'alchimie. Ce sont justement ses expériences d'alchimie qui lui auraient altéré la vision qui vont se faire tourner Rhazès vers la médecine, même s'il imputait sa perte d'acuité visuelle à des lectures prolongées.

Vers l'âge de trente ans, Rhazes débute donc une formation de médecin à Ray. Il étudie les textes d'Hippocrate et de Galien) et suit l'enseignement d' Is'haq Ibn Hunaïn, un maître de la médecine grecque, perse et indienne.Il poursuit sa formation en voyageant en Syrie, en Égypte et en Andalousie.

De retour en Orient, il est d'abord nommé médecin à la cour du prince samanide Abu Salih al-Mansur, régnant sur le royaume du Khorassan au nord-est de la Perse. Sa notoriété grandissant, il prend en charge l'hôpital central Bimaristan, à Bagdad. La légende raconte que, pour choisir l'emplacement des bâtiments à construire, il aurait fait suspendre des morceaux de viande en différents lieux de la ville et aurait choisi le site comme étant celui où la viande se décomposait le moins vite.

Rhazes structuræ d'une manière étonnament moderne l'hôpital de Bagdad, assurant son service entouré de ses élèves et de ses assistants. Les étudiants posent des questions, les réponses étant d'abord faites par les plus jeunes, puis les plus expérimentés. Et, à la fin de la consultation, Rhazès faisait la synthèse. Des consultations externes étaient organisées ainsi que des soins à domicile, les plus démunis bénéficiant d'une aide médicale. Rhazes insiste aussi sur la nécessité d'une formation continue des médecins et encourage ceux-ci à prendre des notes sur leurs observations et à en discuter entre eux. Il leur conseille aussi d'essayer de résoudre leurs problèmes plutôt que déléguer aux autres la découverte des solutions.

Rhazes pratique alors de nombreuses spécialités médicales : la chirurgie, la gynécologie, l'obstétrique la chirurgie ophtalmologie et même la stomatologie.

À la mort du souverain Al-Muktafi, en 907, Razi retourne à Ray, suivi par nombre de ses étudiants. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il y décède le 27 octobre 925 (ou 932 suivant les sources), en l'an 313 du calendrier musulman.

Rhazes peut être considéré comme un pionnier pour avoir introduisit des pratiques radicalement nouvelles dans le soin des patients et la formation des médecins. Il distinguait en effet trois aspects de la médecine : la santé publique, la médecine préventive et le traitement des maladies spécifiques.

Il a énuméré sept principes pour assurer la préservation de la santé:

1- Modération et équilibre lorsque le corps est en mouvement et lorsqu'il est au repos.

2- Modération en mangeant et en buvant.

3- élimination des surabondances.

4- Amélioration et réglementation des habitats.

5- éviter les excès néfastes avant qu'ils ne deviennent incontrôlables.

6- Entretenir une harmonie entre les ambitions et les résolutions.

7- Se forcer à acquérir de bonnes habitudes notamment concernant la pratique de l'exercice physique.

Reconnu comme le meilleur médecin de son temps pour avoir pleinement compris et appliqué les connaissances médicales grecques, Rhazès aura été à l'origine de nombreuses avancées médicales et aura eu de brillantes intuitions :

- il découvrit ainsi que certaines maladies abdominales étaient provoquées, en premier lieu, par des causes psychosomatiques ;

- il fut le premier à décrire les ramifications des nerfs dans la cage thoracique et le ver de Médine ;

- médecin surdoué mais aussi brillant chirurien, il distingua, le premier, le nerf laryngé du récurrent et pratiqua plusieurs fois l'opération de la cataracte ;

- ll fut le premier à utiliser le boyau de chat pour effectuer des sutures, appréciant leur souplesse et leur résistance ;

- il a vulgarisé aussi l'emploi des compresses humides et tièdes pour couvrir les intestins au cours des interventions chirurgicales sur l'abdomen.

Ecrivain prolifique, Rhazes a écrit 184 livres et articles dans plusieurs domaines scientifiques, dont 61 relevant de la médecine, tous en langue arabe, puisqu'il n'était pas permis alors d'utiliser le persan pour les textes scientifiques. Son oeuvre la plus considérable, "Kitab Al-Hawi" constitue une encyclopédie médicale en 22 volumes de médecine pratique et de thérapeutique qui fait le bilan des connaissances médicales au Xe siècle. Traduite en latin au XIIIe siècle, sous le titre "Liber Continens", ce gigantesque opus va avoir une profonde influence sur la médecine occidentale et, aux côtés de neuf autres ouvrages, il constitue le fonds de la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Paris en 1395.

Rhazes relativisait néanmoins le pouvoir des livres : "La vérité, en médecine, est une moyenne qu'on ne peut atteindre ; tout ce que l'on peut lire dans les livres a beaucoup moins de valeur que l'expérience d'un médecin qui pense et raisonne [...]. La lecture ne fait pas le médecin, mais bien l'esprit critique et le talent d'appliquer à des cas particuliers les vérités dont il a connaissance". Il écrit aussi : "Quand Galien et Aristote sont d'accord sur un point, les médecins peuvent aisément prendre une décision; mais quand leurs opinions divergent, il est bien difficile de les mettre d'accord. Qui consulte plusieurs médecins commettra plusieurs erreurs!"



Source : lequotidiendumedecin.fr