Fils d'in lieutenant-colonel du régiment de Blefois qui le laissa sans fortune, ayant dépensé au service l'essentiel de ses biens, Vieussens, né dans un petit village du Rouergue, après avoir entamé des études de philosophie à Rodez se trouva un penchant pour la médecine qu'il alla étudier sur les bancs de l'université de Montpellier où, après avoir obtenu son bonnet de docteur, il décida de s'établir. Il obtint ainsi la place de médecin de l'hôpital Saint-Eloi où il se prefectionna dans la dissection des cadavres. Il s'attacha plus particulièrement à la " névrologie " qu'il considérait comme " la partie la moins connue et la plus négligée ".
Extraire un sel acide du sang
Après avoir été appelé à la Cour en 1690 pour être le médecin de mademoiselle de Montpensier, Vieussens retourna à sa pratique de l'hôpital Saint-Eloi après la mort de celle-ci. Il s'appliqua dès lors aux " recherches chimiques " , s'attachant plus particulièrement à vouloir extraire du sang un sel acide qu'on n'y avait pas encore trouvé. Il pensa y parvenir "en distillant par la retorte le sel fixe qu'on retire du caput mortuum du sang, en le mêlant avec du bol, comme on en joint au sel marin pour extraire son acide par la distillation ". Vieussens, enchanté de sa découverte, la répandit avec ostentation dans toute l'Europe par des lettres circulaires envoyées en 1698 aux facultés de médecine. Il publia aussi sur son sujet de prédilection un ouvrage intitulé " Deux dissertations. La première sur le sel acide du sang, et la seconde sur la quantité proportionnelle des principes de cette liqueur ".
Une querelle homérique avec Chirac
A cette occasion, il pria la Faculté de lui permettre d'en faire la démonstration mais alors qu'il procédait à celle-ci et qu'on l'applaudissait , un de ses anciens professeurs, Pierre Chirac se leva et réclama la découverte de Vieussens comme une chose qui lui appartenait et qu'il avait communiqué à deux étudiants en médecine de qui il prétendit que Vieussens l'avait apprise. Des écrits polémiques et pleins de fiel furent alors échangés entre les deux hommes et les deux médecins finirent par prendre le célèbre Astruc comme arbitre. Le jugement de celui ne fut favorable ni à l'un ni à l'autre en leur démontrant que " la découverte n'était rien moins que réelle et qu'il était ridicule de se disputer pour un être imaginaire puisque tout l'acide de la distillation du caput mortuum du sang dépendait du bol qu'on y joignait ".
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