Faut-il envisager une protection particulière pour les médecins et philosophes, une espèce en France en voie de disparition ? Les derniers représentants se sont plutôt réfugiés dans les neurosciences. Expliquer les mécanismes du cerveau vous tient quitte, il est vrai, des débats sur l'âme. En tout cas, cette circulation entre philosophie et médecine a longtemps été fluide même si elle s'est toujours nourrie de controverses et de revendication. En fait, la séparation de corps a été prononcée par Hippocrate. Depuis, retrouvailles et vrais divorces n'ont pas cessé, comme l'illustre cet ouvrage. Construit à partir d'articles, il ne vise certes pas à l'exhaustivité. Mais il permet de découvrir la figure du médecin portugais Rodrigo de Castro (1546-1627) clinicien hors pair et médecin philosophe qui dans un livre fameux brosse le portrait du médecin parfait. Bien plus tard, la IIIe République en France se dotera d'une lignée originale, à savoir des agrégés de philosophie formés à Normal' Sup pour entreprendre ensuite des études de médecine. Enfin, l'un des derniers chapitres réserve un sort particulier à Georges Canguilhem, grand philosophe et référence pour l'Hexagone de toute pensée autour de la philosophie de la médecine. « Exercer la médecine philosophiquement, c'est donc d'abord percevoir son rapport au temps », écrit dans l'épilogue du livre Anne-Marie Moulin. Peut-on trouver meilleur argument pour explorer une généalogie qui puise au plus profond de toutes les traditions à savoir gréco-latines, certes mais aussi juives ou arabes ? Vous avez dit réconciliation ?
Médecins et philosophes, une histoire sous la direction de Claire Crignon & David Lefebvre, CNRS éditions, 509 pp., 26 euros.
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