Je lis en silence depuis trop longtemps des assertions fantaisistes concernant la médecine dite « générale» ; elles apportent la preuve que très rares d’entre elles témoignent d’une idée juste, voire simplement digne de ce qu’est cette pratique, décrite de plus en plus comme un univers de ratés qu’on pourrait même former en moins de temps, ignares et juste capables de remplir des paperasses et orienter vers de supposés génies, les tenants des spécialités.
La somme des parties n’étant pas égale au tout, cette mise en pièces de la médecine est absurde : soigner quelqu’un ne pourra jamais se résumer à l’empilement des avis de ceux qui se sont voués à un appareil ou une maladie ou à l’usage d’un matériel ; en d’autres termes, un volume ne pourra jamais être conceptualisé à partir d’un point lui appartenant. Vouloir bouger l’univers du patient à partir de sa pathologie est l’exact opposé de la logique.
L’égarement dans un morcellement de la cosmogonie du patient est la source des pires absurdités et conduit à des dépenses sans limites. Il résulte de techniques managériales inapplicables en médecine mises en route par des gens persuadés d’avoir raison depuis leurs bureaux poussiéreux .
Former un spécialiste ne pourrait-il pas, au contraire, être plus bref dans bien des domaines, et former un médecin ne devrait-il pas être beaucoup plus long ? Sans vouloir blesser quiconque, est-il bien raisonnable, pour passer son existence à piquer des varices, de passer dix ans à étudier entre autres les nerf du crâne ?
Comprendre pour commencer pourquoi le patient est malade demande au contraire, non seulement de savoir le maximum qui est maintenant enseigné par bribes disséminées, mais encore bien plus, comme un abord de la philosophie, de l’anthropologie, etc… Ceci permettant d’éviter l’ évolution de chaque altération en une autre, nécessairement pire et demandant de plus en plus de moyens, plus chers avec un échec de plus en plus certain ?
Pour cela, il faut une formation plus importante, et un temps plus long, à consacrer à la consultation, et une rétribution enfin digne . Elle se financerait sur les économies subséquentes.
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