Le paradoxe est saisissant. Alors que les innovations thérapeutiques sont toujours plus personnalisées, certains patients traités pour cancer dénoncent une médecine déshumanisée. Comment arbitrer entre une recherche performante qui exige des patients une stricte observance et une adaptation des traitements réclamés par les malades en cas d’effets secondaires. La conséquence en est la survenue d’un dialogue difficile, voire impossible. C’est en tout cas le constat dressé dans le livre posthume de Danièle Brun, psychanalyste, qui a longtemps exercé dans les services hospitaliers de pointe, décédée le 3 janvier dernier d’un lymphome diagnostiqué tardivement. Les mots sont rudes et irriteront les oncologues investis au quotidien pour le bien de leurs patients. « La médecine personnalisée n’est pas une médecine de la personne. C’est presque le contraire. » Le divorce paraît ici irréversible. Les promesses de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des patients n’auraient-elles pas été tenues ? Non, bien sûr. Pour autant, ce cri de colère est loin d’être isolé. Les derniers mots de Danielle Brun sont un appel pressant afin d’inciter les oncologues à décrypter les paroles du corps de la même manière qu’un rêve. En période de crise à l’hôpital, cette dernière prière relève-t-elle d’une folle espérance ?
Madame Vertigo et son cancer, rencontre avec une médecine déshumanisée, Danièle Brun, éditions Odile Jacob, 160 pages, 19,90 euros.
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