Macron-Le Pen: sur la santé quelles différences ?

Publié le 23/04/2017
.

.
Crédit photo : GARO/PHANIE - Blandine Le Cain

Le Pen-Macron… Concernant la santé, les programmes des deux finalistes de la présidentielle ne se ressemblent guère. Encore que la première ait considérablement normalisé son volet santé ces dernières années, au point de le rapprocher de ceux de ses concurrents. Exit, par exemple les caisses spéciales séparées pour les Français et les étrangers que préconisait encore le programme de son père. Et sur le plan sociétal, il n’est même plus question de dérembourser l’IVG, comme la candidate frontiste l'annonçait encore il y a cinq ans.

En matière de santé -comme d’une manière générale dans le domaine social-Marine Le Pen entend surtout renforcer les droits des laissés pour compte. A ceux qui vivent dans les déserts médicaux, elle promet plus de médecins, via une hausse forte du numerus clausus, plus d’étudiants en stage et la promesse de « maintenir au maximum les hôpitaux de proximité ». A l’intention des plus âgés, elle garantit la création d’un cinquième risque dépendance.

Marine Le Pen a par ailleurs en commun avec son concurrent de vouloir développer les maisons de santé pluri-professionnelles, même si, de ce point de vue, Emmanuel Macron se montre plus volontariste, affichant un objectif à 3 000 MSP. Les deux se veulent mieux disant sur la couverture maladie des Français. Mais Emmanuel Macron se montre plus précis sur ses engagements. L’une des promesses du candidat d’En Marche visant le 100 % sur les prothèses dentaires, optiques et auditives.

La volonté de réforme apparaît aussi plus affirmée chez l’ancien ministre de l’Economie, qui fait du développement de la prévention sa bannière. Avec des conséquences assumées sur l’évolution des modes de rémunération des professionnels de santé, mais sans aller jusqu’à toucher aux règles du jeu actuelles : secteur 2 et liberté d’installation.

Concernant le chantier d’extension du tiers payant, bête noire des médecins libéraux, l’un et l’autre promettent une évaluation du dispositif, sans pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Macron propose toutefois de transformer le G de TPG en « généralisable », histoire de faire comprendre aux praticiens que la contrainte, ce n’est pas son truc.

Reste le volet financier. A Macron, le mérite de l’originalité : avec + 2,3%, il plaide pour un objectif d’évolution des dépenses un peu plus généreux que ces toutes dernières années. Mais surtout, il propose de le rendre pluriannuel pour donner plus de visibilité au secteur. En face, Marine Le Pen préconise des potions plus traditionnelles : persuadée que la lutte contre la fraude et les gaspillages peuvent rapporter gros. Pour l’anecdote, Macron et Le Pen sont les deux seuls candidats à faire de la délivrance à l’unité des médicaments une vraie source d’économie.

Mais Marine Le Pen se distingue surtout sur les restrictions des soins aux étrangers, avec la suppression de l’Aide Médicale d’Etat. Au-delà des clandestins, la candidate FN a suggéré aussi (mais ça ne figure pas dans son programme) un délai de carence de deux ans sur le droit à l’assurance maladie pour ceux qui sont en situation régulière.

Enfin, concernant les questions santé-société. L’une et l’autre n’annonce pas de bouleversement. Cependant, à la diffférence de son adversaire, Emmanuel Macron s'est prononcé poiur la dépénalisation du cannabis et penche mezzo vocce pour la PMA pour toutes. Mais il demeure archi prudent sur le dossier de la fin de vie.


Source : lequotidiendumedecin.fr