De notre correspondant
U N médecin non expérimenté et non qualifié peut-il prendre la garde dans le service d'urgences d'un CHU ? C'est l'une des questions qui agitent les médecins de l'hôpital Edouard-Herriot.
Le service d'urgences de cet établissement, le plus important de la région (plus de trente-trois mille patients par an), est en effet au centre d'un conflit qui oppose une vingtaine de praticiens hospitaliers des autres services de l'hôpital à la direction générale du CHU. Au début de février, pour remédier au manque de médecins affectés au pavillon durant la nuit, la direction du CHU informait par courrier une vingtaine de praticiens hospitaliers des autres services de l'établissement qu'ils seraient inclus dès le début d'avril dans un nouveau « dispositif de garde transitoire » des urgences médicales. La direction du CHU précisait que, jusqu'à minuit, un médecin urgentiste dûment qualifié serait à leurs côtés pour les épauler.
Adressé sans concertation préalable, le courrier fit l'effet d'une petite bombe : spécialisés dans diverses disciplines (rhumatologie, endocrinologie, psychiatrie, cardiologie, neurologie), la plupart des praticiens hospitaliers concernés assument en effet déjà le tour de garde dans leur propre service. En outre, ils s'estiment insuffisamment compétents pour accepter une garde médicale - aucun ne possède la qualification d'urgentiste -, et leur dernière expérience en la matière, explique l'un d'eux, remonte à dix, quinze ans, parfois plus. Or un décret du 9 mai 1995 précise bel et bien que, pour exercer dans un service accueillant les urgences, un médecin doit « être qualifié par un diplôme universitaire », soit « compter une expérience professionnelle d'un an » dans un service spécialisé.
Placés devant le fait accompli
Le 22 février, quatorze professeurs et chefs de service de l'hôpital adressaient alors un courrier de protestation collective à la direction du CHU, avec copie à l'agence régionale de l'hospitalisation de Rhône-Alpes. « Regrettant d'avoir été placés devant le fait accompli », ils demandaient « la suspension de ces dispositions ». En vain. S'abritant derrière la commission des gardes de l'hôpital, qui, elle, approuve le nouveau dispositif, la direction du CHU opposait une fin de non-recevoir, en ajoutant qu'une réflexion en vue de la réorganisation entière des urgences de l'hôpital est en cours.
Saisi en référé, le tribunal administratif de Lyon, sans se prononcer sur le fond, vient de débouter les praticiens hospitaliers : dès le 3 avril, ces derniers devront rejoindre leurs confrères du pavillon N et renouer avec les gestes d'urgence vitale. Quitte à ce que, dans deux ou trois ans, le tribunal administratif leur donne raison sur le fond.
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