L'IRM fait du bruit, beaucoup de bruit même, puisque des niveaux de 122 à 131 dB sont généralement produits. Et si les appareils ont gagné en précision, la nécessité d'obtenir des images de plus en plus rapidement n'a pas permis de diminuer ce désagrément, ni de supprimer le port de protections d'oreilles.
Pour évaluer les risques de lésion auditive durant une IRM, un ORL londonien a eu recours à la mesure des émissions autoacoustiques (EOA). Ces minuscules sons émis par la cochlée en « réponse » à l'audition d'un son peuvent en effet être enregistrés dans le canal auditif externe grâce à des microphones de haute sensibilité. Les EOA sont le témoin du bon fonctionnement des cellules ciliées, leur baisse, en cas de lésion cochléaire, précède les modifications audiométriques.
L'étude a été menée sur 16 patients suspectés d'avoir un neurinome de l'acoustique, mais exempts de pathologie de l'oreille, qui ont passé une IRM d'environ 20 minutes avec des protections d'oreilles. Aucun de ces candidats, âgés en moyenne de 43 ans, n'avait été exposé au bruit durant les 24 heures précédant l'examen. Les enregistrements ont eu lieu une fois durant l'examen et 10 minutes après. La reproductibilité des EOA après émission d'un son a été évaluée parallèlement chez 16 témoins non exposés au bruit de l'IRM.
Les amplitudes des EOA chez les patients ont baissé de 1,84 dB comparativement à 0,43 dB chez les témoins, une baisse significative malgré les protections d'oreilles. La baisse maximale d'amplitude obtenue était de 5 dB dans le groupe IRM contre 1 dB chez les témoins. La baisse d'amplitude d'émission et la reproductibilité des résultats est en faveur d'une atteinte de la cochlée durant l'examen IRM en dépit des protections auditives. « Mais attention, fait remarquer le rapporteur de l'essai dans le "Lancet", il ne s'agit pas d'une étude randomisée et la susceptibilité individuelle au bruit est très variable. » On peut aussi se demander si les protections auditives sont adaptées à toutes les anatomies et si les patients savent les mettre. La fabrication d'appareils d'IRM de nouvelle génération nettement moins bruyants réglerait le problème.
Paul Randomskij et coll., « The Lancet », vol. 359, 27 avril 2002.
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