L’hypnose est un outil thérapeutique très utile en pratique quotidienne, comme l'explique le Dr Florian Bailly, Centre d’évaluation et de Traitement de la Douleur à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière-Charles Foix (Paris). « Les effets sur la douleur sont manifestes mais aussi sur la fonction, dans la mesure où l’on n’anticipe pas de façon négative la douleur », explique le praticien.
L'hypnose permet un « état de conscience modifiée » qui est différent du sommeil ou de l’éveil. Tous les patients sans exception sont hypnotisables à condition d’en accepter le principe, de s’y prêter… L'« état de conscience modifiée » n’est pas exceptionnel, c'est celui que chacun vit sans le savoir dans des situations de la vie quotidienne lorsque par exemple, il est absorbé par un film (quand on ne s’observe plus le regarder). L’hypnose permet de créer volontairement cet état, via un thérapeute ou soi-même (l’autohypnose).
La pratique diffère de l’hypnose « de spectacle » qui s’adresse à des personnes « sensibles ». Les patients perçoivent d’abord que les douleurs sont modulées par l’attention (le stress ou la peur les aggrave, certaines situations les apaisent) puis apprennent à la contrôler. C'est un processus actif dans lequel le patient joue un rôle important. L’enseigner au patient lui permet de mettre à distance la douleur à la demande, et d’en avoir une perception différente. La douleur chronique en effet s’auto-amplifie en raison d’une sensibilisation centrale, le degré d’attention portée ou non à la douleur étant déterminant quelle qu’en soit l’origine.
Faire « voyager » le patient
Médecins*, infirmières, psychologues ou hypnothérapeutes non-médecins ont la possibilité de s’y former** et s’en servir, soit dans un cadre bien défini, c’est-à-dire une séance d’hypnose, soit lors d’une consultation, sur le mode de la conversation (l’hypnose conversationnelle qui consiste à faire « voyager » le patient, sans induire de transe complète), à l’occasion de gestes douloureux (ponction, biopsie ou tout geste désagréable).
La méditation de pleine conscience (mindfulness) est proche de l’hypnose, au moins de sa phase initiale, d’induction, toutes deux se concentrant sur les sensations corporelles. En plus de favoriser la « distraction », l’hypnose donne l’opportunité de faire des suggestions, de modifications comportementales. L’état de transe permet une acceptation facilitée. On peut imaginer de visualiser la douleur, de l’associer à une odeur, une couleur, une forme ou une position, et au cours de la transe hypnotique, proposer de modifier son emplacement ou sa couleur par exemple, pour en prendre le contrôle. Plus pratiquement, la séance est précédée d’un entretien où l’on évalue les sens, les modes de communication préférés de son patient, visuels, auditifs, etc. Ainsi l’induction pour entrer en hypnose est personnalisée. Les outils de l’hypnose, le « parler positif », le travail sur les sensations corporelles, sur l’attention et la distraction, changent le patient, mais aussi le thérapeute qui progresse et voyage avec lui.
* Association Française pour l’étude de l’Hypnose Médicale, http://www.hypnose-medicale.com/trouver+un+thérapeute ; Association Française d’Hypnose, http://therapeutes.eu/categorie/afhyp-association-francaise-hypnose/1352, pour sélectionner un praticien ; ** DU à Paris Sud-Kremlin Bicêtre (Dr Jean Becchio) et DU de Paris 6 (Dr Jean-Marc Benhaiem). Initiation possible (informelle) dans le service de rhumatologie à la Pitié par le Dr Éric Gibert.
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