PRATIQUE
• Deux types de complications buccales
Les complications buccales de la chimiothérapies sont de deux types :
- directes : dues à la toxicité de l'antimitotique sur l'épithélium buccal, elles sont sources de mucites plus ou moins invalidantes ;
- indirectes : dues à l'hématotoxicité, elles sont le point de départ de complications infectieuses ou hémorragiques.
L'incidence des mucites varie avec le traitement anticancéreux utilisé.
La sévérité d'une mucite aura une incidence sur le respect du traitement, sur le contrôle tumoral et, donc, sur la survie du patient.
La toxicité muqueuse des agents anticancéreux se traduit par une atrophie consécutive à une atteinte des cellules basales. Les antimitotiques qui donnent le plus de complications muqueuses sont les antibiotiques antitumoraux, comme la doxorubicine ou la daunorubicine, les antimétabolites comme le 5 FU et le méthotrexate.
L'effet systémique des drogues ainsi que leur toxicité médullaire accroissent encore la sévérité des mucites.
• Survenue au bout de huit jours
La mucite survient souvent huit jours après l'administration de la drogue et se traduit d'abord par un érythème des muqueuses, ensuite, des lésions épithéliales, qui peuvent aller vers l'ulcération.
Non traitée, la mucite guérira spontanément en deux à trois semaines, en l'absence d'immunosuppression.
• Vérifier les dents et les gencives
Avant toute chimiothérapie, il est nécessaire de vérifier l'intégrité dentaire et parodontale. Une mauvaise hygiène buccale majore les complications qui sont d'autant plus importantes que la chimiothérapie est intensive et aplasiante. Malgré cela, il n'est pas toujours possible de prédire avec certitude quels patients auront des effets secondaires bucco-dentaires.
• Bains de bouche et hygiène
En cours de chimiothérapie, on rencontre des complications du type mucites, hémorragies, douleurs, infections, etc.
Leur intensité, leur fréquence et leur gravité seront très variables.
L'utilisation des bains de bouche et le maintien d'une hygiène buccale modifient favorablement le milieu buccal et préservent l'intégrité tissulaire.
Les bains de bouche utilisés sont à base de bicarbonate de sodium à 14°/°° associé à un antiseptique (chlorhexidine) et à un antifongique auxquels on peut ajouter, si nécessaire, un anesthésique local (xylocaïne à 5 %) si la dysphagie est forte.
Une solution à base de chlorure de Zn à 10 % est efficace sur les aphtes.
• Eviter épices, alcool, tabac
Les aliments épicés ou trop durs sont à éviter, ainsi que l'alcool et le tabac. L'utilisation d'antalgiques puissants peut également être nécessaire, car la douleur des ulcérations buccales est très intense et très invalidante.
• Infections et douleurs
La prévention des infections des muqueuses repose sur une minimisation des traumatismes et sur le maintien d'une flore buccale normale et équilibrée.
Dès que se développe une infection de la muqueuse ou parodontale, un traitement antibiotique doit être mis en route.
Certaines infections nécessitent parfois un débridement local, à condition d'avoir un taux de PN > 1 000 et de PL > 80 000, sinon une antibiothérapie à large spectre doit être entreprise jusqu'au retour de valeurs sanguines correctes.
Les mycoses sont fréquentes sur une muqueuse abîmée, et le recours aux antifongiques locaux et par voie générale est préconisé.
Les infections virales à herpès ou à cytomégalovirus sont très fréquentes en hématologie.
Les lésions disparaissent sous traitement mais sont très douloureuses et sont surinfectées par les candida. L'application d' aciclovir sur les lésions six ou sept fois par jour donne de bons résultats. Il n'est pas recommandé d'utiliser des antiviraux de manière prophylactique, sauf chez les patients séropositifs au VIH.
• Vitamines A et E, camomille...
Des études ont été faites avec des bains de bouche à base d'autres produits, tels que la vitamine E qui agit comme antioxydant ; l'acide tout transrétinoïque (vitamine A), qui a un pouvoir anti-inflammatoire, stimule la cicatrisation et favorise une croissance cellulaire en agissant sur leur différenciation. La camomille qui a un pouvoir anti-inflammatoire ; la Mezalasine (acide 5 amino-salicylique) en tant qu'anti-inflammatoire, le GM-CSF, le TGFs b (Transforming Growth Factor) et EGF (Epidermal Growth Factor) qui agissent sur la régénération de l'épithélium buccal.
• Cryothérapie, laser hélium-néon
Il existe également des méthodes non pharmacologiques, telles que la cryothérapie, par laquelle on crée une vasoconstriction afin de limiter l'accès de la drogue au niveau des muqueuses, en faisant sucer de la glace, par exemple, pendant une perfusion courte (30 minutes) de 5 FU, et le laser hélium-néon, qui a un effet analgésique et cicatrisant.
• L'imperfection
Il y a une longue liste de solutions, drogues et méthodes, préconisées dans la prophylaxie et le traitement des mucites. Cette longue liste reflète l'imperfection des méthodes actuelles.
L'hygiène buccale et la restauration de la denture restent la meilleure prophylaxie. Les nombreux traitements proposés ont tous leur indication dans des cas bien particuliers. D'autres drogues sont à l'étude, comme le thalidomide, qui a une action immunomodulatrice et peut avoir un effet bénéfique sur les aphtes et chez les immunodéprimés.
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