Les tests immunologiques de dépistage du cancer colorectal disponibles à partir du 14 avril

Publié le 19/03/2015

Les tests immunologiques qui remplaceront le test Hémoccult dans le cadre de la stratégie de dépistage organisé du cancer colorectal seront disponibles à partir du 14 avril, et leur lancement s’accompagnera d’une vaste campagne d’information à destination du public et des médecins. Cette annonce a été faite conjointement par la présidente de l’Institut national du cancer (INCa), le Pr Agnès Buzyn, et par le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé, lors de l’ouverture des Journées francophones d’hépatogastroentérologie et d’oncologie digestive (JFHOD 2015).

« À participation constante, la plus grande performance du test devrait permettre un doublement du nombre de cancers détectés, et une multiplication par 2,5 du nombre d’adénomes avancés détectés », explique le Pr Robert Benamouzig, chef du Service de gastro-entérologie de l’hôpital Avicenne à Bobigny. Les autorités espèrent également augmenter de 10 à 15 % la participation au dépistage. « L’ancien test n’avait pas une bonne réputation auprès des médecins généralistes », explique le Pr Benamouzig. Le test immunologique est plus performant, avec un seuil de positivité de 150 ng Hb/mL, mais aussi plus simple, puisqu’il se base sur un prélèvement unique au lieu de trois. Ces dernières années, la participation au dépistage a baissé, passant sous la barre des 30 %. « Malgré cette faible couverture, on est arrivé à dépister 20 % des cancers, ce qui n’est pas si mal, explique le Pr Benamouzig. Si on parvient à augmenter la participation avec le nouveau test, on peut espérer dépister 60 % des cancers colorectaux. »

Une infrastructure « de type Amazon »

Une infrastructure importante a été mise en place pour assurer la fabrication et la distribution du test immunologique. Deux laboratoires, un américain et un japonais, sont chargés de la production. Une usine au Japon est d’ailleurs spécifiquement dédiée au marché français. Par ailleurs une plate-forme installée au Pays-Bas sera consacrée à la distribution. « C’est une véritable organisation de type “Amazon" qui se met en place. Il faudra d’ailleurs faire un retour d’expérience dans dix ans », poursuit le Pr benamouzig.

Pour éviter que des patients échappent au dépistage lors du passage au test immunologique, les premiers patients convoqués seront ceux qui auront eu un test Hémoccult au début de l’année mais qui n’aura eu leurs résultats à cause du basculement vers le test immunologique. « Les convocations seront aussi envoyées en priorité aux patients qui sont sur le point d’atteindre les 74 ans », précise le Pr Bénamouzig.

Cibler les populations à haut risque

Au-delà du dépistage, la société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) et l’association nationale française de formation continue en hépatogastroentérologie (FMC-HGE), qui organisent les JFHOD 2015, souhaitent mettre l’accent sur les populations à très haut risque. Le syndrome de Lynch et les polyposes familiales liées aux mutations des gènes APC, MUTYH sont en effet des facteurs de risques majeures de cancer du colon. Selon le Pr Jean Christophe Saurin qui préside le comité d’organisation des journées, « leur dépistage est trop peu développé en France où un seul malade sur deux est repéré ». La découverte de ce type de pathologie génétique implique une prise en charge différente pour le patient et pour sa famille qui bénéficie dès lors d’une surveillance accrue.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr