C E soir, réunies en assemblée générale à 20 heures à la Pitié-Salpêtrière, les sages-femmes en grève depuis le 20 mars vont décider de poursuivre ou d'arrêter leur mouvement.
Elles auront eu quatre jours pour digérer les propositions que leur a faites la semaine dernière le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, lequel a dit oui à trois de leurs revendications sur quatre, mais est resté, estiment les sages-femmes, peu flexible sur le chapitre salarial. « Il avance sur tout, sauf sur l'argent », résume Chantal Birman, de la Coordination nationale des sages-femmes.
D'accord pour revoir le mode de formation des sages-femmes (elles pourraient, dès la rentrée 2002, faire une première année d'études commune avec les médecins) et de réviser leur statut (elles deviendraient par ce biais une profession médicale et non plus paramédicale) ; d'accord aussi pour revoir à la hausse leurs effectifs. Mais le ministre lâche moins de lest sur les fiches de paye.
Les quelque 1 500 sages-femmes libérales emportent cependant la mise : Bernard Kouchner est favorable au dégel de leurs tarifs, à la création d'un forfait d'observation et de traitement des grossesses pathologiques, d'un forfait journalier pour sortie précoce de la maternité et à l'institution d'un acte de consultation de fin de grossesse.
Les 4 000 sages-femmes travaillant en cliniques privées sont, elles, renvoyées à leurs fédérations patronales, auxquelles le gouvernement vient de donner, dans le cadre des accords tarifaires du secteur, une enveloppe de 100 millions de francs pour l'obstétrique.
A l'hôpital public, enfin (8 000 professionnelles), le ministère refuse de sortir des limites fixées le 14 mars dernier par le protocole Guigou, mais propose des avancées plus rapides à l'intérieur de la grille des salaires, ce qui permettrait à une sage-femme débutante de gagner 800 francs de plus qu'aujourd'hui en début de carrière (et non pas 300 francs comme prévu initialement).
A la fin de leur troisième semaine de grève, la colère des sages-femmes n'était toujours pas retombée. Il y a quelques jours, elles étaient même plusieurs dizaines à interpeller Jacques Chirac lors de sa visite à Caen et une centaine d'entre elles ont manifesté dans les rues d'Epinal, six cents à Montpellier. La tendance n'était pas à l'arrêt de la grève. Ce soir, plus que la fin du mouvement, ce sont donc de nouvelles modalités d'action - la possibilité est évoquée de ne plus faire grève qu'un jour par semaine - qui devraient être à l'ordre du jour de l'assemblée générale des sages-femmes.
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