D EUXIEME manifestation en deux semaines pour les sages-femmes en colère. A l'appel de leur Coordination nationale, les quelque 14 000 sages-femmes en activité en France, sont invitées à défiler aujourd'hui, à Paris, entre Jussieu et le ministère de la Santé. La Coordination engage les « usagers des maternités » à se joindre au cortège.
Le 20 mars, pour leur première manifestation, ce sont entre 1 500 et 3 000 « blouses roses » qui avaient arpenté les rues de la capitale et interpellé les pouvoirs publics, leur demandant une reconnaissance statutaire et salariale. Aujourd'hui, elles pourraient être plus nombreuses encore. Car, en deux semaines, le mouvement a pris de l'ampleur.
Dans les cliniques, où 3 300 d'entre elles sont salariées, leur grève a contraint certains établissements à fermer leur maternité. C'est le cas notamment en Rhône-Alpes ou en Bretagne. A Nantes, trois cliniques ne pratiquent plus aucun accouchement. Dans les hôpitaux publics, où en dépit des réquisitions, les médecins sont contraints de suppléer souvent au travail habituellement fait par 8 400 sages-femmes, l'activité, gonflée par le report de ce qui ne se fait plus dans le privé (au CHU de Nantes, elle est au moins multiplié par 1,5), est désorganisée. « Aujourd'hui, dans certains endroits, les clignotants sont au rouge », affirme le Dr Guy-Marie Cousin, président du SYNGOF (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France).
En deux semaines, les sages-femmes ont obtenu des soutiens politiques, notamment du côté du RPR dont le secrétaire national à la Santé, Pierre Morange, a dénoncé « l'absence de mesures concrètes prises » par le gouvernement. Elles ont aussi pu compter sur le renfort des médecins. Pour preuve de leur appui, ceux-ci se sont mis en grève jeudi dernier, emmenés par le SYNGOF, le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français), l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), et la CMH (Coordination médicale hospitalière). Les praticiens, qu'inquiète notamment la démographie de la profession de sages-femmes ( « L'été dernier, des maternités privées se sont retrouvées sans sages-femmes pour assurer les gardes de nuit », révèle le Dr Cousin), adhèrent à l'ensemble des revendications de la Coordination. Des revendications qui concernent les effectifs (il manquait 2 500 sages-femmes en France) la formation, et les salaires. A l'hôpital, une sage-femme débute sa carrière à 9 500 francs et la termine à 14 500 ; en clinique, elle peut gagner 1 000 francs de moins en début de carrière, 4 000 francs de moins à la fin. Dans le secteur libéral où travaillent 1 800 professionnelles, les sages-femmes se battent pour que le tarif de l'acte de préparation à la naissance ne soit pas baissé. La question de la responsabilité des sages-femmes, dont le nombre de procès a augmenté de 49 % en un an, mobilise également les médecins qui élargissent le débat en demandant au gouvernement de donner aux maternités françaises les moyens de mettre en œuvre le plan périnatalité qu'il a lui-même élaboré en 1998. Une opération qui coûterait, selon des estimations réalisées conjointement au début de l'année par les syndicats concernés et la DHOS (Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins), autour de 540 millions de francs.
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