Une étude française portant sur les prescriptions hors AMM en médecine générale révèle que 99 % d’entre elles le sont pour les indications et qu’elles se concentrent à plus d’un tiers sur 5 classes thérapeutiques.
Présentée lors du 9e Printemps de Bicêtre, colloque organisé en partenariat avec Sanofi, l’étude PHAMM-2010 réalisée par la Société française de médecine générale (SFMG) et la Faculté de médecine de Paris Sud donne des indications précises et originales sur l’importance et la nature des prescriptions hors AMM réalisées par les généralistes.
Les données ont été recueillies auprès de 175 généralistes informatisés, volontaires et rémunérés et sont issues de l’analyse des 8 733 ordonnances de l’étude SFMG-G2PM (2006) portant sur 11 situations cliniques d’inclusion, soit 35 296 lignes de prescription. L’évaluation de la conformité AMM de chaque ligne de prescription selon le Vidal 2006 s’est faite selon trois critères : l’indication, la posologie et l’âge.
100 % médecins généralistes
L’analyse des résultats offre un premier constat : la totalité des médecins de l’étude a prescrit au moins une fois hors AMM. Plus précisément, 40,8 % des ordonnances de la base G2PM présentaient au moins une ligne hors AMM et 19,3 % de ces lignes de prescription étaient hors AMM. Les résultats montrent également un contraste très marqué quant à la distribution selon les trois critères retenus.
Plus de 99 % des prescriptions étaient hors AMM par l’indication alors que l’âge et la posologie ne représentaient que des quantités négligeables.
Enfin, 5 classes thérapeutiques se sont dégagées, au sein desquelles 6 molécules ont été les plus fréquemment prescrites : l’acide acétylsalicylique, le paracétamol, l’oméprazole, le lorazepam, la cétirizine et l’allopurinol.
Difficultés à prescrire dans l’AMM
Si le pourcentage de prescription de médicaments hors AMM est ici comparable aux études internationales en médecine générale, les auteurs de cette enquête estiment que le taux très élevé de non-respect de l’AMM par l’indication est peut-être surévalué, alors que ceux relatifs à l’âge et la posologie sont quant à eux possiblement sous-évalués. L’absence de pathologie associée à la prescription notifiée par le médecin et le fait que l’âge du patient ne soit spécifié que par moins d’un médecin sur deux participent notamment de ce constat.
De manière générale, les principales explications avancées pour expliquer la difficulté des médecins à prescrire dans l’AMM relèvent de plusieurs états de fait. Ils vont d’une évolution plus rapide des connaissances médicales que celles de la mise à jour des AMM à la pression de l’industrie pharmaceutique, en passant par des recommandations institutionnelles inadaptées. La part non négligeable de médicaments en accès libre et une méconnaissance de l’AMM des produits par les généralistes sont par ailleurs d’autres vecteurs importants de ce type de prescription.
D’après l’intervention de Mme Pascale Arnould, directrice du Département des groupes de pairs à la Société française de médecine générale (SFMG) et maître de conférences à l’UP XI.
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