A U cours des interventions pour pontage coronarien, c'est le temps de suture des anastomoses veineuses saphènes aux artères coronaires qui conditionne la durée opératoire.
Cette suture est généralement effectuée manuellement, en dépit d'améliorations techniques proposées depuis la première intervention de ce type en 1902. Avec l'essor de la cardiologie interventionnelle, différentes équipes ont proposé des techniques anastomotiques alternatives semi-automatisées.
Une équipe de cardiologues suisses, en collaboration avec la société St. Jude Medical Anastomotic Technology Group (Minneapolis, Etats-Unis), a mis au point un système composé d'une bague à griffes externes et intravasculaires qui permet de réaliser des anastomoses sans sutures.
Ce matériel est mis en place en deux temps : la partie externe - la bague - est posée par le chirurgien au niveau de l'anastomose latéro-latérale entre le greffon et la coronaire, elle fixe le greffon veineux. Dans un second temps, le cardiologue procède au gonflage d'un ballonnet intravasculaire qui entraîne la fixation des deux vaisseaux par les griffes internes et externes. Le greffon et l'artère coronaire sont ainsi comprimés au niveau de l'anastomose créant par là même une hémostase.
Testé chez des chiens
L'équipe de l'hôpital de Berne (Suisse) a d'abord testé ce matériel chez des chiens en réalisant des pontages coronariens et fémoraux avec greffons autologues veineux. « Les résultats de ces essais préliminaires animaux ont été tout à fait satisfaisants à 30, 90 et 180 jours », explique le Dr Friedrich Eckstein. Les anastomoses, toutes fonctionnelles, ont été qualifiées d'uniformes par les opérateurs. Aucun problème d'hémostase n'a été détecté et le temps d'intervention a pu être nettement diminué. Comparé à des techniques classiques, ce matériel permet un résultat histologique et angiographique tout à fait similaire.
Au vu de ces données et de celles d'une autre équipe travaillant sur un matériel équivalent (abstract présenté au cours du 27e Congrès de la Société des chirurgiens thoraciques en 2001), l'équipe suisse a choisi de pratiquer cette intervention sur un patient de 61 ans, angoreux (classe III à l'entrée à l'hôpital) atteint de lésions tritronculaires avec une occlusion de l'artère interventriculaire antérieure et des sténoses sévères de l'artère coronaire droite et de la circonflexe. Ce malade hypertendu, hypercholestérolémique et aux antécédents familiaux de pathologie cardio-vasculaire présentait à l'entrée à l'hôpital une fraction d'éjection systolique estimée à 60 %. Le malade a subi un triple pontage sous CEC avec utilisation du nouveau dispositif mis au point par les Suisses. « Après chirurgie, le débit au niveau du greffon était de 30 ml/min au niveau de l'artère mammaire interne gauche et un examen angiographique a permis de montrer que les anastomoses étaient fonctionnelles dans les suites de l'intervention », expliquent les auteurs. Avant la généralisation de l'utilisation de ce type de matériel, des études de plus grande ampleur et un suivi rigoureux à long terme (à la recherche de sténoses) doivent être mis en place.
« The Lancet », vol. 357, 931-932, 24 mars 2001.
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