La pédiculose est porteuse de stigmatisation sociale, d’absentéisme scolaire ainsi que de complications médicales (excoriations, conjonctivites…). Les traitements de première ligne, perméthrine et pyréthrines, appartiennent à une classe thérapeutique qui est l’objet de résistances accrues. Les traitements de seconde ligne, malathion et lindane, posent des problèmes de sécurité.
À la recherche de nouveaux traitements, des auteurs américains (David Pariser et coll.) se sont intéressés à l’ivermectine, un produit largement utilisé pour le traitement des infestations par nématodes. Il y a quelques publications sur son utilisation comme anti-scabiose et anti-pédiculose, quand les traitements conventionnels ont échoué. Une étude in vitro a montré l’efficacité de l’ivermectine contre des poux résistants à la perméthrine. Et une étude in vivo a montré que deux doses orales d’ivermectine (400 µg/kg) séparées d’une semaine, ont permis l’élimination d’une pédiculose céphalique partiellement réfractaire au malathion. L’ivermectine cible les parasites de façon différente des produits traditionnels.
Par ailleurs, une formulation pour application locale a été mise au point. David Pariser et coll. rapportent deux études où une lotion contenant 0,5 % d’ivermectine (Sklice, Sanofi Pasteur) a été utilisée en topique local pour le traitement de pédiculoses céphaliques et testée en comparaison avec une lotion identique, mais placebo.
Une seule fois sur cheveux secs
La lotion a été appliquée une seule fois sur les cheveux secs, laissée en place pendant 10 minutes, puis rincée à l’eau. Il n’y a pas eu de passage au peigne fin pour éliminer les lentes.
Le critère d’évaluation était le pourcentage des enfants ayant au moins 3 poux vivants avant l’application et qui se trouvaient sans poux le lendemain, puis le demeuraient du 8e au 15e jour.
Il y eut 765 jeunes patients (de 6 mois ou plus) participants à l’étude. L’analyse en intention de traiter indique une bonne efficacité de l’ivermectine, avec 94,9 % des enfants traités dénués de poux le lendemain de l’application, puis 85,2 % au jour 8 et 73,8 % au jour 15 (contre respectivement 31,3 % à J2, 20,8 % à J8 et 17,6 % à J15 avec la seule lotion ; p ‹ 0,001 pour chaque comparaison). La réduction du prurit est intervenue rapidement, dès le premier jour.
Ainsi, une application unique d’ivermectine réalisée à la maison est plus efficace que la lotion qui véhicule le principe actif et qui a servi de témoin, pour traiter les infestations pédiculeuses de la tête.
L’efficacité maintenue jusqu’à l’évaluation finale deux semaines après une application unique suggère que cette formulation a une activité contre les œufs de poux, ce que ne possède pas l’ivermectime systémique.
L’ivermectine cible en tout premier lieu des canaux ioniques glutamatergiques au chlore alors que les pyréthrines se lient à des canaux ioniques sodium dépendants.
New England Journal of Medicine, 1 novembre 2012. Doi:10.1056/NEJMoal200107
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