Les pistes de traitement des affections oculaires génétiques

Publié le 17/01/2001
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Q UELLES sont les voies thérapeutiques de l'avenir ? Corriger le déficit génétique par thérapie génique paraît prometteur, mais à l'heure actuelle en pathologie, seul le déficit en adénosine déaminase en a bénéficié. Procéder au remplacement des cellules par la greffe de rétine est illusoire, car s'il y a eu des essais de greffer des cellules sur l'animal de laboratoire, leur connexion entre elles n'est pas jusqu'à maintenant prouvée. La greffe des bâtonnets peut avoir un effet neuroprotecteur sur les cônes, mais les problèmes infectieux (virus) n'ont pas été résolus. Reste l'utilisation de cellules modifiées génétiquement qui n'a pas ces problèmes infectieux : insertion dans les fibroblastes d'un gène pour relarguer les facteurs de croissance. La deuxième voie de recherche s'applique aux néo-vaisseaux rétiniens. Chez le prématuré, ils sont responsables d'une rétinopathie qui peut être endiguée par le laser, comme chez le diabétique. Cette action du laser n'est pas possible dans la zone maculaire.

Une molécule capable de se fixer sur les néo-vaisseaux

Il y a eu des essais de chirurgie avec translocation de la rétine. La radiothérapie a été abandonnée. La verteporfine (Visudyne) est une molécule capable de se fixer sur les cellules des néo-vaisseaux excitées par un laser d'illumination. Cette technique de photothérapie dynamique peut être utilisée dans la zone maculaire mais seulement dans les formes œdémateuses de la DMLA. Le frein du développement de ce traitement est le coût : 9 000 francs par ampoule, et plusieurs ampoules sont nécessaires au traitement. Le principe du remboursement est acquis mais ses modalités sont encore débattues. Chez la souris RDS (« Retina degenerative slow »), le diltiazem retarde la dégénérescence des cellules rétiniennes. Chez l'homme, ce médicament pourrait être utile dans sa variété génétique similaire. Les aides optiques sont immédiatement utilisables ; elles peuvent permettre une amélioration, par exemple de 1/20e à 1/10e d'acuité visuelle, ce qui peut changer la vie pratique. Dans la rétinopathie pigmentaire de type « rod cone », un système de vision nocturne avec, en faible éclairement, un intensificateur de lumière, et en pleine nuit une illumination en infrarouges pourrait rendre de grands services.

De nombreux gènes ont été identifiés

Les aspects génétiques des rétinopathies ont beaucoup progressé dans les vingt dernières années. De nombreux gènes ont été identifiés. Les explorations se font sur les prélèvements sanguins. Plusieurs formes cliniques de rétinopathies pigmentaires (RP) ont été isolées et on a montré que leur transmission génétique est variable. Dans les grandes familles de RP, le gène déficient a pu être identifié. Dans les familles où les cas sont peu nombreux ou isolés, on fait appel à l'identification des gènes des protéines nécessaires à la fonction rétinienne qui sont très nombreuses. Une cinquantaine de gènes pour les dystrophies rétiniennes ont été reconnus, de 15 à 20 identifiés.
Il existe un projet d'étude de 11 gènes pour les formes isolées dans les familles. L'apport de la robotique, qui aura en mémoire la séquence des gènes identifiés, devrait être important. La plupart des maladies ophtalmologiques sont plurigéniques. A l'inverse, un gène, le gène ABCR, joue un rôle majeur dans plusieurs dystrophies rétiniennes dont certaines formes de RP, la maladie de Stargardt de l'enfant, et ce gène est un facteur de susceptibilité de la DMLA. Son génotypage est entrepris chez les patients et est prometteur de multiples thérapeutiques.

Colloque Retina France organisé avec le soutien de Ciba Vision, groupe Novartis.

L'association Retina France

Retina France est une association d'utilité publique, administrée par des malvoyants pour des malvoyants. Elle comporte Retina assistance, qui prodigue une aide personnalisée à la vie quotidienne, notamment les questions juridiques (N° Azur : 0810.30.20.50). Retina vision informe sur les aides techniques visuelles et sur la rééducation ; Retina recherche dispose des deux tiers du budget. Les recherches sur la rétinite pigmentaire ont pu en bénéficier dès 1984.

Dr Véra LEMAIRE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6837