Les organisations humanitaires quittent la Tchétchénie

Publié le 15/01/2001

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A U lendemain de l'annonce de l'enlèvement d'un volontaire américain de Médecins sans Frontières (MSF), le Dr Kenny Gluck (« le Quotidien » du 12 janvier), les organisations humanitaires ont pris la décision de quitter la Tchétchénie, bien que la situation humanitaire, déjà désastreuse, risque de se dégrader encore.

MSF a été la première à interrompre sa mission dans la république indépendantiste « pour d'évidentes raisons de sécurité ». Elle a été rapidement imitée par le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) et par Action contre la faim (ACF). Un volontaire d'ACF, qui accompagnait le Dr Gluck, est parvenu à échapper aux ravisseurs.
La Commission européenne a, de son côté, demandé aux organisations non gouvernementales (ONG) qu'elle finance de suspendre leurs opérations en Tchétchénie. MSF-Belgique, ACF et le HCR font partie du groupe de ces ONG, ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Conseil danois pour les réfugiés et le Comité international pour les secours (Espagne). Depuis 1999, l'aide humanitaire de la Commission européenne à la Tchétchénie s'est élevée à 25,5 millions d'euros.
En interrompant leurs missions, les organisations humanitaires laissent derrière elles une situation que Chamil Beno, le représentant permanent de la Tchétchénie auprès du président russe, juge « catastrophique ». Plus de 200 000 Tchétchènes ont été contraints de quitter leurs foyers pour s'installer dans une autre région du pays et entre 280 000 et 320 000 autres se trouvent encore dans les républiques voisines.
Le Dr Kenny Gluck, 38 ans, a été kidnappé par des hommes armés alors qu'il était en mission près de Grozny, la capitale tchétchène. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, a ordonné à ses « services spéciaux » de retrouver le Dr Gluck. Ce dernier souffre d'asthme et ses proches craignent pour sa santé.

A.-M. G.