U NE fois de plus, le dispositif du médecin référent divise les syndicats de médecins généralistes. La renégociation de ses modalités par la Caisse nationale d'assurance-maladie, soutenue par les uns, est au contraire considérée comme une provocation par les autres.
Le syndicat MG-France, signataire de la convention nationale des médecins généralistes et ardent défenseur de cette option conventionnelle, ne peut que se satisfaire des nouvelles modalités d'application du médecin référent qu'il a lui-même négociées et qui se traduisent par un doublement de la rémunération forfaitaire supplémentaire perçue par les généralistes référents.
L'augmentation du forfait annuel par patient, qui passe de 150 à 300 F, contribue à rendre plus attractif ce dispositif qui n'a séduit pour l'instant que 6 060 médecins généralistes, soit un peu moins de 10 %. En contrepartie de cette revalorisation, MG-France a accepté que le nouveau cahier des charges précise davantage les conditions dans lesquelles les médecins référents doivent remplir leurs engagements en matière de prévention, de permanence des soins ou encore d'amélioration de leur pratique.
Pour le Dr Pierre Costes, président de MG-France, il ne s'agit en aucun cas de nouvelles contraintes mais d'outils mis à la disposition des médecins référents pour les aider dans ce nouveau mode d'exercice. « Au-delà des engagements théoriques, l'avenant précise un certain nombre de points. Depuis un an et demi que le dispositif existe, les médecins ont été occupés par sa mise en place, notamment au niveau de la dispense d'avance de frais (dont bénéficient les patients qui ont un médecin référent) . Il s'agit désormais de le faire vivre concrètement », explique-t-il. Il compte pour cela sur les réunions départementales qui auront lieu deux fois par an et seront destinées à échanger des informations. « C'est un des éléments novateurs de l'accord. Nous comptons beaucoup sur les initiatives locales des médecins référents pour faire vivre cette option, notamment sur le plan de la santé publique », poursuit-il.
L'UNOF : « Inadmissible »
Opposé depuis le début au principe même du médecin référent, le Dr Michel Chassang, président de l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), ne partage pas ce point de vue. Outre qu'il s'agit pour lui « d'un pas supplémentaire vers une médecine de caisse », il juge « inadmissible » que l'on accorde une revalorisation d'honoraires à seulement 9 % des médecins généralistes « en laissant sur le bord de la route les 91 % restant ». Le président de l'UNOF regrette, par ailleurs, que le rapport de la Cour des comptes, qui avait sévèrement critiqué le fonctionnement de l'option médecin référent, n'ait été pris en compte que de façon partielle dans cette renégociation. « La Cour estimait nécessaire avant toute chose de procéder à une évaluation de ce dispositif. Or ce n'est pas la réponse apportée par la CNAM et MG-France. Le médecin référent est manifestement un échec. Il est pour le moins surprenant de vouloir absolument maintenir un dispositif contre l'avis de presque tout le monde », conclut le Dr Chassang.
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