P ROPHETE en son pays, Andy Warhol a expliqué un jour que chacun pouvait avoir son quart d'heure de gloire médiatique. C'est autour de ces 15 minutes de célébrité que chacun est censé rechercher que tourne le film de John Herzfeld, qui a choisi de mixer quelques thèmes favoris du cinéma hollywoodien pour dénoncer quelques folies américaines.
On retrouve ainsi dans « 15 minutes », hélas, des ingrédients si souvent utilisés qu'ils paraissent indigestes : le tueur fou, le duo de policiers qui se disputent avant de devenir amis, le producteur de télévision sans scrupule, la fille des rues qu'il faut sauver, entre autres. Sans oublier, bien sûr, la poursuite en voitures dans les rues de New York et le sauvetage dans l'incendie genre film-catastrophe.
L'histoire, pourtant, ne manque pas de points intéressants : un Tchèque et un Russe, qui adore Franck Capra, débarquent aux Etats-Unis et découvrent le prix attaché dans ce pays à la célébrité, qui permet à un assassin de devenir riche ; cela leur donne des idées.
John Herzfeld, qui a beaucoup travaillé pour la télévision, semble vouloir dénoncer cette folie de la gloire et de l'audimat réunis, qui passe au-dessus de la justice et de la morale. Son portrait du producteur qui affronte tous les risques et surtout toutes les critiques pour diffuser des images violentes et choquantes est sans doute à peine caricatural. Le problème est qu'il n'hésite pas, pour les besoins de sa cause, à employer lui-même des moyens racoleurs. Les scènes sanglantes sont inutilement longues, bruyantes et dégoulinantes. Les effets spéciaux, les images style vidéo sont éprouvants, la caméra bouge trop, la musique est trop forte...
A tel point qu'on se demande si, plutôt que dénoncer, Herzfeld n'a pas voulu parodier.
D'ailleurs Robert de Niro, qui a dépassé le cap des 60 films, paraît par moments se parodier lui-même dans le rôle du flic aussi dur-à-cuire que cur tendre ; lui qui doit avoir l'embarras du choix pourrait mieux choisir ses rôles. A ses côtés, Edward Burns (« Il faut sauver le soldat Ryan ») joue le gentil pompier avec charme mais sans originalité. Le Tchèque Karel Roden et le Russe Oleg Taktarov (champion de jiu-jitsu et ex-instructeur de l'armée) sont moins attendus. Mais au total ces « 15 minutes » qui durent deux heures sont bien longues.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature