Une enquête du collectif contre la dénutrition

Les médecins s'estiment insuffisamment formés

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Publié le 09/11/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

En France, la dénutrition touche 2 millions de personnes, enfants, adultes et personnes âgées. Lourde de conséquences, la dénutrition favorise le développement d’infections et de complications postopératoires, retarde la guérison, augmente la durée des hospitalisations, entraîne des chutes chez les personnes âgées.

Et peut conduire au décès. Pourtant, la communauté scientifique dispose aujourd’hui des savoirs et des techniques nécessaires pour vaincre cette maladie, trop souvent silencieuse. Le nombre de personnes dénutries n’a pas baissé depuis 30 ans et pourrait même être amené à augmenter avec l’allongement de l’espérance de vie : « il est donc urgent d’agir », explique Éric Fontaine, président du Collectif de lutte contre la dénutrition, créé il y a un an. « Cette maladie pernicieuse et très fréquente peut être soignée efficacement lorsqu’elle est repérée à temps. Néanmoins, cela demande des financements » poursuit-il. Interpeller les élus fait donc partie des priorités du collectif.

Afin d'analyser la perception de la pathologie dans le public et chez les médecins, le collectif a réalisé une enquête intitulée « Français et médecins : regards croisés sur la dénutrition », réalisée par l’institut OpinionWay. Les résultats révèlent que la dénutrition est un mal peu connu, même si les actions à envisager pour lutter contre celui-ci font consensus. Si 97 % des Français connaissent l’importance de la nutrition, 94 % d’entre eux ne connaissent pas ou sous-estiment la dénutrition. Ils perçoivent que la dénutrition peut être une cause de pathologie (80 %) et une conséquence de pathologie (81 %) sans forcément la considérer comme une maladie. En outre, 76 % des Français pensent – à tort – qu’il est normal de maigrir quand on est atteint d’une pathologie lourde.

Médecins s'estiment peu formés

L’enquête réalisée présente également des résultats intéressants sur le regard du corps médical sur cette question. Un médecin sur 3 n’a jamais été formé sur la dénutrition ; 55 % estiment que leur profession n’est pas suffisamment informée sur le dépistage et la prise en charge de la dénutrition ; et - le chiffre est éloquent -, 89 % d’entre eux pensent que la nutrition devrait être enseignée comme discipline à part entière. Ainsi, les médecins s’accordent sur le fait que la dénutrition est un véritable enjeu de santé publique. Ils sont en cela rejoints par la population « en général », puisque les mesures proposées font l’unanimité : lancement d’un plan national de lutte contre la dénutrition, dépistage systématique, amélioration de la prise en charge… Le collectif a lancé un manifeste qui appelle à « mettre fin à cette maladie silencieuse » (www.luttecontreladenutrition.fr).

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9617