L A naïveté est l'un des moteurs de la création artistique et l'on serait bien cuistre si l'on déniait à un jeune metteur en scène intéressant et à un chorégraphe toujours en recherche, le droit d'expérimenter ensemble leur double travail et de proposer une version extrêmement personnelle de « Bérénice » de Jean Racine.
Le problème ici, est que la tragédie n'est que prétexte et qu'elle n'est en rien consubstanciellement liée au projet artistique de Fisbach et Montet. Ou alors par des évidences proposées comme autant de trouvailles ainsi qu'en témoignent le texte que signent les « concepteurs » et qui est reproduit dans la bible remise aux spectateurs.
Cela donne un spectacle tout en coquetteries avec va-et-vient entre voix enregistrées des danseurs et acteurs qui débitent à timbre volontairement neutre et accents précis le texte et voix présentes des mêmes desservants d'une cérémonie sophistiquée dont le point de fuite serait le moment où Bérénice (Tal Bet-Halachmi) s'exprime en hébreu. Va-et-vient entre lumière et ténèbres comme bougent les corps en un ballet précis mais qui ne renvoie sémantiquement à rien qui égale la puissance de la langue de Racine.
Une expérience. Mais qu'est-ce qu'un spectacle qui s'enchante de lui-même sans apporter au public l'émotion, l'intuition, la puissance d'une œuvre ? Un élégant divertissement de deux heures qui n'a rien de bouleversant. Ni intellectuellement, ni esthétiquement.
Théâtre de la Bastille, à 21 h 00 du mardi au samedi, à 17 h 00 le dimanche. Durée : 2 h 00 sans entracte (01.43.57.42.14). Jusqu'au 14 avril.
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