« N OUS reprenons notre bâton de pèlerin ». Après trois années de lutte, dont il considère qu'elles n'ont pour l'instant mené à rien, le Comité de défense de la gynécologie médicale revient à la charge pour obtenir un diplôme spécifique et autonome garantissant la formation d'un nombre suffisant de médecins - 80 par an, estime-t-il.
La réforme de l'enseignement en gynécologie médicale arrêtée en août par la secrétaire d'Etat à la Santé, Dominique Gillot ? Elle ne reçoit l'assentiment des gynécologues médicaux ni dans son principe - un tronc commun de trois ans et deux ans de spécialisation en gynécologie-obstétrique ou en gynécologie médicale -, ni dans son application - l'option gynécologie médicale, prévue pour un quota de 45 étudiants, n'a été proposée nulle part en France au choix des internes à la rentrée 2000.
Le Dr Gisèle Jeanmaire, fondatrice du Comité de défense de la gynécologie médicale défend la reconnaissance de la spécificité de ses adhérents et dénonce la disparition prochaine de la gynécologie médicale faute de praticiens formés (le diplôme a disparu en 1984). Elle exige la garantie législative que les femmes conserveront un accès direct à leur gynécologue. Selon elle, le schéma choisi par Dominique Gillot est d'abord « inadapté parce qu'il ne reproduira pas l'effectif des gynécologues médicaux encore en activité ».
Il y a un peu plus d'un mois, le comité a cru toucher au but lorsque les sénateurs ont adopté en première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) un amendement rétablissant un diplôme d'étude spécialisé (DES) de gynécologie médicale distinct du DES de gynécologie-obstétrique. Grosse déception : cet amendement a été rejeté par l'Assemblée nationale. Déçus mais « pas désespérés », « persuadés que la voie parlementaire reste la bonne » pour parvenir à leurs fins, les gynécologues-obstétriciens retroussent une nouvelle fois leurs manches.
Plus d'un million de signatures
Avec l'appui de personnalités comme la philosophe Elisabeth Badinter, « en colère » face à « la non-reconnaissance d'une gynécologie de qualité et libre ». La chasse aux signatures de soutien reste d'actualité - 1,5 million de pétitions paraphées ont, à ce jour, été réunies par le comité. L'explication pédagogique du rôle de suivi majeur que jouent en France les gynécologues médicaux est toujours de mise. Inlassablement, les militants vont expliquer leurs résultats en termes de prévention de la stérilité et des cancers, dire que ce n'est pas un hasard si la France, seul pays d'Europe où la spécialité existe, se classe dans les premiers rangs pour la survie aux cancers gynécologiques et la faible fréquence des hystérectomies (13 %, quand ce taux peut atteindre 50 % dans d'autres pays développés).
Ce message, les gynécologues médicaux vont le délivrer à leurs patients, mais aussi à leurs élus, considérant qu'à quelques mois des élections municipales la période est propice au lobbying, et apporte un soutien massif à une proposition de loi du député (DL) de la Sarthe, Pierre Hellier. Ce texte reprend à son compte les principales revendications du Comité de défense : rétablissement d'un diplôme de gynécologie médicale spécifique et autonome, seul moyen de « restaurer et pérenniser la profession », maintien de l'accès direct au gynécologue médical et du remboursement de la consultation.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature