D ANS la perspective de l'allongement de six mois de la durée de formation des médecins généralistes - dont le troisième cycle doit passer de deux ans et demi à trois ans -, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) vient de présenter aux ministères de l'Education nationale et de la Santé ses propositions pour le nouveau stage de sixième semestre.
Le principe est de « privilégier l'apprentissage sur les lieux même du futur exercice ». « Pour faire face aux principaux problèmes rencontrés en médecine générale, le futur médecin généraliste doit avoir été déjà en situation de les résoudre seul, dans un contexte de supervision indirecte », estime en effet le Dr Bernard Gay, président du CNGE. Le CNGE souligne que le stage de sixième semestre doit permettre « une prise de responsabilité sous contrôle, par une mise en autonomie de l'interne, qui doit réaliser seul un minimum d'actes (entre 600 et 1 000), pendant un temps minimal équivalent à quatre mois ». Les lieux de stage (cabinet de groupe ou médecin isolé) qui seraient proposés et agréés par le département de médecine générale de chaque faculté, seraient accrédités selon des critères précis (agrément des médecins selon les critères de l'Union européenne des médecins omnipraticiens, nombre d'actes minimal et maximal, diversité d'activité). Pendant son stage, l'interne serait autonome, mais ferait l'objet d'une supervision indirecte. Ce rôle d'encadrement pédagogique serait assuré par l'un des médecins du site, auquel le stagiaire pourrait faire appel à tout moment en cas de besoin.
« Il ne faut pas confondre ce rôle de "superviseur" de ce stage avec celui du "tuteur", qui est choisi dès le début du diplôme d'études spécialisées (DES), explique le Dr Bernard Gay. Le tuteur suit l'interne pendant tout son troisième cycle, y compris pendant cet assistanat tutoré ».
Des rendez-vous pédagogiques périodiques seraient organisés avec les superviseurs pour analyser avec l'interne les difficultés rencontrées. Une réunion des internes en assistanat tutoré serait organisée une fois par mois, avec analyse de cas et discussion. Le CNGE propose également que l'interne mette à profit cette période pour achever un travail de recherche ou de thèse commencé le plus tôt possible durant son cursus et, si possible, lors de son stage chez le praticien.
Pendant cette période de stage, les étudiants seraient en formation universitaire et resteraient salariés. Les modalités financières restent à préciser. Une rétrocession de 30 à 40 % des honoraires au médecin remplacé semble a priori nécessaire pour faire face aux frais de gestion du cabinet.
Premier cycle : réduire le gâchis
Autre chantier ouvert dans le domaine des études médicales : celui de la réforme du premier cycle, dont le Pr Jacques Roland, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, vient de s'entretenir avec Bernard Kouchner. « Il existe un consensus sur quatre points », constate le Pr Roland : premièrement, il faut maintenir la sélection à l'entrée, ce qui signifie une régulation ; deuxièmement, les études ne doivent pas être allongées à cause de cette sélection, il n'est donc pas question d'un projet de licence commune aux professions de santé ; troisièmement, il ne faut pas retarder la professionnalisation des étudiants, qui devront se rendre dans les hôpitaux dès la fin de la première année ; quatrièmement, il faut réduire le « gâchis » que constitue l'échec des jeunes qui redoublent leur première année.
« Nous insistons également sur le fait que la sélection ne doit pas éliminer les filières de santé entre elles. Si l'on veut que les médecins travaillent en réseau avec les autres professions de santé (kinés, infirmières, dentistes), il ne faut pas qu'il existe un classement qui les place au-dessus des autres, sinon ce sera un désastre », estime le Pr Roland, qui prône un concours individuel pour chaque filière, même s'il devrait comportera des bases communes. Bernard Kouchner semble, d'après lui, « très sensible » à cette argumentation qui tranche avec celle de l'ancien ministre de l'Education nationale, Claude Allègre. L'esprit est de rapprocher les professions soignantes entre elles, en créant des passerelles entre les filières et des parties communes dans les études.
« Il faut ouvrir nos études au niveau du premier cycle et à l'entrée du deuxième cycle à des personnes titulaires d'un diplôme différent (ingénieurs, pharmaciens...) sans qu'elles soient obligées de refaire un premier cycle », propose le Pr Roland. Il avance également l'idée d'un troisième cycle commun aux filières de santé, par exemple une formation en management hospitalier.
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