CONGRES HEBDO
L IEE à la sélection de souches, la résistance du Streptococcus pneumoniae et des bacilles Gram négatif aux fluoroquinolones représentent bien un fait actuel, comme le démontrent de nombreuses études réalisées dans le monde entier. C'est pourquoi, il importe de poursuivre la surveillance, de ne pas être trop confiant. Le travail de Chen (« Engl. J. Med. », 1999) montre, en effet, une prévalence moyenne des pneumocoques de sensibilité diminuée aux fluoroquinolones de 1 %. La prévalence est passée de 0 % en 1988 à 1,7 % en 1998 chez l'enfant. Chez l'adulte, la prévalence est passée de 1,5 % en 1994 à 2,9 % en 1998. Cette prévalence est plus élevée chez les patients de plus de 65 ans (2,6 %). En outre, les pneumocoques de sensibilité diminuée aux fluoroquinolones risquent de présenter également une résistance à la pénicilline.
Selon l'analyse multivariée, les pneumocoques de sensibilité diminuée aux fluoroquinolones sont de manière significative plus fréquemment isolés chez les patients âgés, à partir de prélèvements respiratoires, durant les dernières années de surveillance (1993-1998), et dans les régions géographiques du Canada où la consommation de quinolones par individu est la plus élevée. Les augmentations de CMI de la ciprofloxacine sont suivies parallèlement par les augmentations des CMI des autres fluoroquinolones.
Les nouvelles fluoroquinolones
D'une manière générale, les nouvelles fluoroquinolones avaient des CMI plus basses que celles de la ciprofloxacine (au moins d'un facteur IV), la gémifloxacine ayant actuellement la plus forte activité sur le pneumocoque, avec la moxifloxacine. Chen insiste sur le développement de l'utilisation des fluoroquinolones et le caractère essentiel du bon contrôle des indications, des doses et des durées de traitement.
J. M. Legg (« Antimicrob Chemother » 1999) reprend les données de la littérature sur l'activité in vitro et in vivo des nouvelles fluoroquinolones. Pour la ciprofloxacine, qu'il s'agisse de souches péni S ou de péni R, des CMI moyennes de 1,1 et 2 mg/l ont été trouvées, proches des concentrations critiques égales à 2 mg/l pour les souches sensibles à la ciprofloxacine. Même si les taux de résistance du Streptococcus pneumoniae à la ciprofloxacine sont faibles, il existe une possibilité de sélection après exposition in vitro. En outre, si les nouvelles fluoroquinolones sont supérieures aux anciennes sur Streptococcus pneumoniae, les résultats des études cliniques montrent que l'éradication reste inférieure à celle obtenue avec les bêtalactamines. Surtout, sous la pression sélective liée à l'utilisation des quinolones, les souches de Streptococcus pneumoniae pourront acquérir de manière séquentielle des mécanismes de résistance par mutation à court ou à moyen terme. Pour J. M. Legg, ces éléments impliquent de ne pas utiliser les nouvelles fluoroquinolones en traitement empirique de première intention dans l'infection respiratoire, surtout dans les zones à faible prévalence de résistance à la pénicilline.
Trois facteurs favorisants de la résistance aux fluoroquinolones se dégagent, permettant d'en tirer des conséquences pratiques : les pneumocoques peuvent acquérir, à partir de streptocoques de l'oro-pharynx, des caractères de résistance à la pénicilline, et ce modèle peut être envisagé avec les fluoroquinolones ; l'utilisation de posologies insuffisantes, avec des concentrations trop faibles, peut contribuer à la sélection de souches de pneumocoques à sensibilité diminuée, mais à l'inverse des posologies élevées, des durées trop longues de traitement peuvent également favoriser l'augmentation de la prévalence de bactéries résistantes (problème de la relation entre consommation et résistance) ; enfin, comme pour les autres antibiotiques, la surconsommation est un facteur de résistance.
D'après les communications de P. Veyssier et M. Flamant (centre hospitalier général de Compiègne ).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature