Si « Le Généraliste » était paru en juin 1900

Les épaves de la médecine

Publié le 22/06/2015

Deux médecins du roi Louis IV, l’un Heroldus, depuis évêque d’Amiens, l’autre de qui le nom n’est pas rapporté, mais qui était de Salerne, se prirent un jour à discuter. Après un bel assaut de savoir, la discussion dégénéra en une violente querelle.

Le Salernitain, dépité de n’avoir pas su donner l’explication de quelques mots attribués à différentes maladies résolut de s’en venger sur son adversaire. Un jour qu’il se trouvait avec ce dernier à la table du roi, il enduisit le poison l’ongle de son grand doigt et le plongea dans la poivrade où son adversaire trempait ses morceaux. À peine Deroldus en eut-il absorbé quelques-uns qu’il se sentit malade, se doutant bien d’être empoisonné, il prit force thériaque et fut guéri au bout de trois jours.

À la première fois qu’il se trouva à la table du roi, il cacha du poison entre les doigts et le répandit sur les mets destinés à son compère. Celui-ci, empoisonné à son tour, recourut en vain aux ressources de son propre art : il fut obligé pour échapper à la mort d’implorer le secours de son adversaire. Celui-ci, cédant aux prières du roi, le guérit, mais imparfaitement, et à dessein. De sorte que le mal s’étant porté sur un pied, le malheureux Salernitain dut en subir l’amputation qui fut faite par des chirurgiens.

(Texte de la « Chronique latine » du Moine Richer, cité par le Dr Larrieu dans « La Chronique médicale, juin 1900)

Source : lequotidiendumedecin.fr