Un excès de cellules sérotoninergiques

Les dyskinésies après les greffes neurales enfin comprises

Publié le 12/07/2010
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De notre correspondante

COMMENCÉS DANS les années 1990, les essais cliniques des greffes intrastriatales de tissu neural fœtal chez les patients parkinsoniens ont clairement montré que les neurones dopaminergiques greffés peuvent réinnerver le striatum, libérer de la dopamine et, dans certains cas, apporter un soulagement symptomatique prolongé.

Toutefois, la majorité des patients ont développé un effet secondaire indésirable : des mouvements involontaires très handicapants survenant en l’absence de traitement dopaminergique. Ces dyskinésies off-phase entravent le développement des futures thérapies de remplacement cellulaire pour la maladie de Parkinson. Les mécanismes sous-tendant ces effets indésirables ne sont pas bien compris.

Une équipe dirigée par le Dr Mario Politis (Imperial College of London, Royaume-Uni) vient d’éclaircir le mécanisme en étudiant deux patients parkinsoniens qui, après une greffe instrastriatale de tissu mésencéphalique fœtal, avaient présenté une amélioration motrice majeure mais ont déclaré par la suite des dyskinésies sévères off-traitement.

Dans le striatum greffé.

En utilisant l’imagerie cérébrale in vivo et en étudiant par tomographie d’émission de positons (PET scan) la captation de la 18-F-dopa, du 11-C-raclopride et du 11-C-DASB, les chercheurs ont pu mettre en évidence la présence d’un excès d’innervation sérotoninergique dans le striatum greffé des 2 patients.

Les chercheurs ont confirmé le rôle causal de l’hyper-innervation sérotoninergique. Ils ont pu en montrer qu’un traitement oral par un agoniste sérotoninergique (faible dose de buspirone, administrée en double aveugle), en diminuant la libération des neurotransmetteurs par les neurones sérotoninergiques, atténue nettement les dyskinésies.

« Ces résultats ont des implications directes pour le développement d’une thérapie cellulaire de remplacement dans la maladie de Parkinson en indiquant comment la survenue des dyskinésies pourrait être prévenue ou minimisée », notent les chercheurs. Ainsi, il serait préférable de minimiser les neurones sérotoninergiques contaminant les populations de neurones dopaminergiques issues des cellules souches. Si toutefois, ces dyskinésies se développaient dans les futurs essais de transplantation neurale malgré les mesures préventives, elles pourraient être traitées efficacement par l’administration systémique d’agonistes sérotoninergiques.

Science Translational Medicine, 30 juin 2010, Politis et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8804