ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
L ORSQU'IL décide de faire, du château de Versailles, le musée de l'Histoire de France, Louis-Philippe passe commande à des artistes pour reconstituer la vaste fresque de l'histoire nationale. Il en reste les salles spécialement aménagées à cet effet. Ce vaste chantier a produit aussi des feuilles préparatoires qui entrent tout naturellement dans le fonds des collections comportant également des pièces plus anciennes constituant la chronique du château (Parrocel, Moreau le Jeune, Michel de Toulon, Le Prieur).
Au-delà de la qualité plastique que l'on est en droit d'attendre d'une sélection de ces uvres attachées au prestige du château de Versailles, c'est la chronique de ce dernier qui nous est aussi proposée et ce n'est pas l'un des moindres attraits de cette collection que de nous entraîner dans les splendeurs du palais et les fastes de la vie dont il est le cadre. Pour son décor, Charles Le Brun avait été choisi, qui déployait cette manière généreuse et ample, quasi gestuelle, pour célébrer la gloire de son souverain. Le décor peint des appartements est en grande partie son uvre. On découvre ici les feuilles préparatoires du vaste chantier de la galerie des glaces dont cette histoire d'Hercule qui finalement ne fut pas exécutée et remplacée par « Le Roi gouverne par lui-même et Le Passage du Rhin ».
L'univers des jardins est aussi largement représenté avec ses bassins ornés d'une somptueuse statuaire, ses jets d'eau, ses bosquets évoqués avec une précision attendrie, une grâce charmante par Jean Cotelle auteur d'une large série de gouaches au coloris frais qui nous restituent Le Bassin de Neptune, Le Bosquet de la colonnade et Le Bosquet du Labyrinthe, et ce dernier d'autant plus précieux que les changements incessants du dessin des jardins l'ont effacé, alors qu'il était un des points forts de l'itinéraire dont le roi lui même était le guide. Jacques-André Portail opte pour des visions panoramiques (Le château depuis le bassin de Neptune), ainsi que Jean-François Heurtier.
Le Brun le grand ordonnateur des décors versaillais, avait également conçu des projets pour les groupes sculptés sur une tonalité beaucoup plus somptuaire que Cotelle, et dans le souvenir de « l'antique ». Comment échapper au talentueux et bavard Hubert Robert qui témoigne des métamorphoses du jardin au XVIIIe siècle, dans un esprit déjà romantique comme en témoigne le Bosquet du bassin d'Apollon qui constitue une sorte de figure emblématique de l'esprit du jardin pittoresque. Dans un esprit voisin, ce sont les chroniques des fêtes données à Trianon, par Moreau le Jeune ou les vues alertes de Louis Nicolas de Lespinasse. Mais Versailles c'est aussi un ensemble palais-ville qu'évoquent les vues cavalières de Liévin Cruyl.
Après l'évocation du cadre, ce sont les personnages qui entrent en scène, d'où une galerie de portraits où l'on voit l'évolution du genre, d'abord empêtré dans les références mythologiques (J. Werner, Marie-Thérèse sous les traits de Diane, Louis XIV sous les traits d'Apollon) puis devenant plus familier. Avec Winterhalter il annonce la peinture mondaine. Etonnante présence ici de Louise Colet, la pétulante maîtresse de Flaubert, il est vrai un enfant du pays. Versailles s'est démocratisé, ce n'est plus seulement l'histoire de la Cour qui y est évoquée, mais le simple passant qui vient s'y promener.
Trésors cachés. Chefs-d'uvre du cabinet d'arts graphiques du musée national du Château de Versailles. Musée des Beaux-Arts de Rouen. Jusqu'au 14 mai. Tous les jours sauf le mardi et les 1er et 8 mai. Jusqu'au 14 mai. Entrée : 20 F.
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