E N 1997, un travail américain a montré que les soins aux migrants Hmong, venus du Sud-Est asiatique jusqu'aux Etats-Unis, sont gênés par des problèmes sociaux, culturels et par des problèmes de communication. Pour voir si ces soins sont réellement différents de ceux reçus par d'autres patients, le Chinois Jun Hu (Qinghai Medical College Affiliated Xining, Qinghai) a étudié l'incidence de la perforation appendiculaire chez 118 enfants Hmong et, à titre comparatif, chez autant d'enfants blancs américains, qui ont subi une appendicectomie entre janvier 1989 et décembre 1997. Le travail a été conduit à l'hôpital Valley pour enfants, dans une zone californienne qui recense 120 000 migrants Hmong.
Davantage de perforations appendiculaires
L'incidence des perforations appendiculaires était de 66 % chez les enfants Hmong contre 37 % chez les autres enfants.
La durée moyenne des symptômes avant l'arrivée aux urgences était de 3,3 jours chez les Hmong contre 2,2 jours chez les autres. L'intervalle entre l'arrivée à l'hôpital et l'entrée en salle d'opération était de 8,6 heures chez les Hmong contre 6,3 heures chez les autres. Ces différences étaient liées à l'attente d'un interprète et au délai d'obtention du consentement des parents.
Les enfants Hmong avaient un séjour hospitalier plus long (6,7 jours) que les autres (4,8 jours).
Parmi les enfants ayant une perforation appendiculaire, le durée du séjour hospitalier était identique (7,4 jours) dans les deux groupes. En revanche, en l'absence de perforation, le séjour hospitalier était plus long chez les enfants Hmong (4,9 jours) que chez les autres (3,2 jours). Cette différence était liée à la méthode chirurgicale utilisée. En effet, une plus grande proportion d'enfants Hmong (39 % contre 13 %) subissaient une intervention classique (laparotomie).
L'explication aux parents
Un chirurgien qui a participé à deux tiers des interventions a expliqué que la chirurgie classique était plus souvent réalisée chez les enfants Hmong parce qu'elle était plus facile à expliquer aux parents pour obtenir leur consentement. Selon lui, l'appendicectomie laparoscopique était plus compliquée à expliquer parce qu'elle implique quatre incisions et une ablation de l'appendice sous vidéocontrôle. Selon le chirurgien, la perforation n'était pas un facteur influençant le choix de la technique chirurgicale, la laparoscopie étant aussi efficace en cas de perforation et pouvant être convertie en laparotomie.
« Mes résultats concordent avec des travaux antérieurs qui ont montré que le retard au traitement est le facteur de risque le plus important dans la perforation appendiculaire, et que l'appendicectomie laparoscopique peut réduire la durée du séjour hospitalier. Les résultats de cette étude suggèrent que des barrières sociales et culturelles et des difficultés de communication compromettent les soins reçus par les enfants Hmong », conclut Jun Hu.
« New England Journal of Medicine » du 29 mars 2001, pp. 1023-1024 (lettre).
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