L’ANXIÉTÉ ENVERS LA SANTÉ est un nouveau concept qui suscite de nombreux travaux, car cette forme d’anxiété est fréquente en médecine générale. Entre de simples et banales inquiétudes relatives à la santé et l’hypocondrie avérée, il existe des réalités cliniques qui génèrent des détresses psychologiques tangibles, expliquent des spécialistes. L’anxiété envers la santé se caractérise par une hypervigilance envers les sensations physiques, associée à une propension à les interpréter comme des signes d’une maladie somatique grave.
Un coût non négligeable.
Selon les critères diagnostiques du DSM, le seuil de diagnostic est bas. Aussi la prévalence est-elle de l’ordre de 15 à 20 %. La prévalence sur la vie entière est estimée à 5 %. Les symptômes peuvent durer des années. Les répercussions sont plus ou moins importantes en fonction de l’intensité du trouble. Malgré l’absence d’une maladie sous-jacente, les patients affectés par une anxiété envers leur santé peuvent être très gênés. Les demandes de soins font peser un poids substantiel sur les dépenses de santé. Les patients recherchent dans des sources diverses et pas toujours pertinentes l’origine de leurs problèmes et des solutions.
La nécessité d’une prise en charge concerne les formes modérées à sévères d’anxiété envers la santé.
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) représentent les interventions les plus largement recommandées dans l’anxiété.Une attention particulière est portée sur les versions raccourcies de ces thérapies.
Les TCC représentent les premières approches recommandées pour l’abord de la dépression primaire et de l’anxiété. Dans « The Lancet », Peter Tyrer et coll. publient une étude montrant que des interventions courtes, facilement applicables, peuvent être mises en place dans des dispensaires ou des centres de médecine générale avec de bons résultats. Les traitements ont été réalisés par des praticiens non experts en TCC. Ils ont reçu un enseignement et un entraînement au cours de deux ateliers de formation. Ils ont été entraînés à dispenser de 5 à 10 sessions de thérapie par TCC aux patients.
L’étude a été réalisée chez des patients souffrant d’une anxiété envers la santé, en cardiologie,endocrinologie, gastro-entérologie, neurologie et pneumologie recrutés en soins secondaires. Une fois le diagnostic posé, les patients ont été randomisés pour être inclus dans des groupes de traitement par une TCC adaptée à l’anxiété envers la santé, à raison de 5 à 10 sessions, ou pour recevoir des soins standards dans les centres de soins secondaires.
6 sessions.
Le critère d’investigation primaire était des modifications au score d’anxiété mesuré par une échelle adaptée, les Health Anxiety Inventory au bout d’un an. Le coût a également été mesuré. Parmi 28 991 dossiers examinés 444 patients ont été recrutés, avec 219 dans le groupe TCC et 225 dans le groupe soins standards. À un an, l’amélioration dans chez les patients du groupe TCC est de 2,98 points plus élevée que dans le groupe standard (IC 95 % : 1,64-4,33, p‹0,0001). Un niveau normal d’anxiété a été atteint par deux fois plus de patients du groupe TCC que dans le groupe témoin (13,9 % versus 7,3 %).
Des différences favorables similaires ont été notées à 6 mois et à 2 ans. L’équivalence entre les coûts des deux formes de traitement n’est pas atteinte, mais la différence n’est pas significative. « Nos résultats démontrent que le traitement par TCC adapté à l’anxiété envers la santé est relativement bon marché, avec une moyenne de 6 sessions de traitement. » Il est efficace pour réduire l’anxiété à la fois à court-terme et à deux ans après le traitement. Comme des professionnels de la santé qui ne sont pas des spécialistes mais qui ont eu une formation spéciale l’ont appliqué avec succès, ce traitement pourrait être généralisé facilement et implanté dans les centres hospitaliers.
Peter Pyrer et coll. The Lancet, 18 octobre 2013.
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