S UR les rythmes biologiques de l'enfant, on pourrait pratiquement dire une chose et son contraire. Car si l'aménagement du temps scolaire figure parmi les sujets récurrents de l'actualité, la taille réduite des études effectuées sur ce sujet montre surtout « de grandes variabilités interindividuelles ».
L'expertise collective réalisée par l'INSERM, à la demande de la Caisse nationale d'assurance-maladie des professions indépendantes (CANAM), souligne donc la nécessité de rechercher des marqueurs non invasifs des rythmes de l'enfant pour conduire de plus larges études épidémiologiques.
Selon eux, le meilleur moyen d'adapter la scolarité au rythme de l'enfant est d'évaluer, sur des effectifs suffisants, différents scénarios d'aménagement du temps scolaire tant sur le plan des performances scolaires que sur celui des rythmes circadiens (qui portent sur un cycle d'environ 24 heures). Faute de quoi, les schémas traditionnels restent difficiles à réformer.
Non à la semaine de 4 jours
Largement appliquée, la semaine de quatre jours n'enthousiasme pas pour autant les experts. « Sans pouvoir dire quelle serait la semaine idéale, on peut toutefois penser que ce n'est pas celle qui comprend quatre jours, explique l'un des cinq experts, le Dr Marie-Josèphe Challamel, qui dirige une unité de consultation de sommeil pour enfants et adolescents (centre hospitalier Lyon-sud). Elle entraîne des irrégularités de lever qui retentit sur le sommeil et donc sur les performances scolaires ».
Chez les enfants en âge de scolarité, les experts recommandent de veiller à une quantité de sommeil suffisante et à des horaires réguliers de coucher et de lever. « Bon nombre de mes consultations consistent à donner aux parents des consignes à ce sujet », témoigne le Dr Challamel. C'est un aphorisme : les résultats scolaires ne peuvent être bons que si les enfants sont reposés. Pourtant, « sensibiliser les parents sur le rôle fondamental du sommeil est un travail de longue haleine », confirme un autre expert, François Testu, qui travaille au laboratoire de psychologie expérimentale à l'Université de Tours.
Selon ce dernier, l'ensemble des travaux européens qui ont porté sur l'évolution des performances intellectuelles des enfants au cours de la journée montre sensiblement la même évolution. Le profil classique se caractérise par une élévation des performances au fil de la matinée scolaire, suivie d'une chute après le déjeuner, puis à nouveau d'une progression de la vigilance au cours de l'après-midi. « D'une manière générale, les emplois du temps scolaire sont faits pour les petits dormeurs », explique François Testu. Le conseil des experts de « tenir compte de la rythmicité de la vigilance » pour organiser la journée scolaire en devient d'autant plus important.
Il serait préférable, disent-ils, « de réserver les créneaux horaires définis comme étant les plus favorables (fin de matinée/ milieu d'après midi), à des apprentissages nouveaux nécessitant de l'attention, et, à l'inverse, d'occuper les moments les moins favorables à des activités d'entretien des connaissances ou à caractère plus ludiques ». Ainsi en va-t-il d'ailleurs pour le rythme de vigilance de l'adulte.
Vive la sieste !
Bien que les données concernant les privations de sommeil chez l'enfant soient encore insuffisantes, les experts rapportent qu'une privation partielle de sommeil (une nuit de 5 heures par exemple) sur une seule nuit suffit à perturber l'apprentissage des tâches les moins habituelles. Afin de respecter le rythme veille-sommeil de l'enfant (un des facteurs essentiels de la régulation des rythmes biologiques), ils suggèrent de faciliter l'accès à la sieste et de ne pas la limiter uniquement aux enfants de petite section maternelle.
« Cette expertise collective a le mérite de faire le point sur toutes les données que nous possédons sur les rythmes biologiques de l'enfant et les rythmes scolaires », constate François Testu. Entreprises depuis une vingtaine d'années, les études concernant les rythmes de l'enfant sont légion. Encore faudrait-il qu'elles influent de temps en temps sur les emplois du temps scolaires, ce qui est très rare.
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