L A pénurie de médecins militaires dont souffre le Service de santé des armées ne semble pas sur le point de se résorber. A l'heure actuelle, il manque 211 médecins sur les 2 430 que le ministère de la Défense juge indispensables aux besoins des armées, compte tenu notamment des scénarios d'intervention et du format des forces retenues pour 2002.
Plusieurs éléments contribuent à expliquer ces sous-effectifs chroniques. D'abord, la politique de diminution de recrutement des médecins militaires d'active menée dans les années quatre-vingt, à une époque où les autorités ne pouvaient pas prévoir que la suppression du service militaire priverait les armées de nombreux praticiens. Les effectifs des médecins militaires formés dans les deux écoles de Lyon et de Bordeaux étaient tombés à 70 par an environ, rappelle-t-on au Service de santé des armées. Depuis, une fois connue la suspension de la conscription, la barre a été redressée et 140 places au total ont été offertes en 2000 au concours des deux écoles. Mais, compte tenu du temps de formation des médecins, il faudra attendre près de dix ans avant que cette évolution ne fasse sentir ses effets. Autre élément qui a contribué à ces sous-effectifs : la politique de médicalisation de l'avant choisie par le Service de santé des armées. Désormais, lors d'opérations extérieures, l'armée déploie un médecin par unité élémentaire (150 personnels environ), soit un taux de médicalisation bien supérieur à ce qu'il était auparavant. Ce développement de la médecine de l'avant répond à d'évidentes raisons médicales et il ne saurait être question de le contester, mais il a contribué à gonfler le nombre de médecins dont ont besoin les forces armées.
Enfin, un certain nombre de médecins militaires quittent l'armée après vingt-cinq ans de service, vers 43-45 ans, c'est-à-dire à un âge où un militaire peut encore aisément se reconvertir dans le secteur libéral, et notamment dans les cliniques.
Pour remédier à la pénurie actuelle, et en attendant que l'augmentation du nombre de places dans les écoles de Lyon et de Bordeaux fasse sentir ses effets, le ministère de la Défense a cherché à favoriser les recrutements collatéraux. C'est ainsi que les étudiants en médecine peuvent désormais intégrer le Service de santé des armées à la fin du premier cycle, à la fin du deuxième cycle ou à la fin du troisième cycle, après avoir obtenu leur doctorat. Ces étudiants s'engagent alors dans une carrière militaire longue. Autre possibilité pour les armées : recruter des médecins contractuels, issus du secteur civil, pour des contrats de deux ou quatre ans. Trente-cinq postes ont ainsi été mis au recrutement. Enfin, la nouvelle organisation des réserves permet de recruter des médecins pour de périodes de trente jours ou de quatre-vingt-dix jours, notamment pour des opérations extérieures. Cinquante-cinq médecins réservistes volontaires sont ainsi partis l'an dernier en mission à l'étranger. L'ensemble de cette politique de recrutement commence à porter ses fruits, mais pas assez rapidement pour que les problèmes de sous-effectifs médicaux soient résorbés.
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