Remaniement ministériel, crise des « Gilets Jaunes » Les événements de la fin de l'année ont définitivement enterré l'espoir de voir dévoilé le plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 avant la fin de l'année. Rédigé sous la direction de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), ce plan devait être présenté par le Premier ministre Édouard Philippe. Le locataire de l'hôtel de Matignon l'a reporté à 2019.
Le plan est pourtant très attendu par les professionnels de l'addiction, particulièrement échaudés par ce qu'ils qualifient de complaisance du gouvernement vis-à-vis de l'industrie alcoolière. La Ligue contre le cancer a ainsi tapé du poing sur la table en juin dernier, demandant à la ministre des Solidarités et de la Santé « un vrai plan de prévention et de prise en compte de l'alcool dans la lutte contre le cancer et dans la prévention des maladies chroniques ». Ce dernier inclurait l'interdiction totale de la publicité des produits alcoolisés, y compris sur internet, un étiquetage spécifique sur les risques liés à la consommation d'alcool et, surtout, une taxation au gramme d'alcool sur les produits en contenant.
Le holà de l'Élysée
À l'occasion de son bilan 2 017 des cancers, l'INCa avait également demandé une véritable politique de prévention de l'alcool. Deux ans plus tôt, « près de 28 000 nouveaux cas de cancers en France étaient attribuables à la consommation d’alcool soit 8 % des nouveaux cas de cancers toutes localisations confondues », avait affirmé l'INCa, rappelant que « l’alcool est le 2e facteur de risque de cancers évitables après le tabac. »
Concernant les mesures de taxation de l'alcool, le président de la République a mis fin aux réformes de ce type. Emmanuel Macron a réitéré, en février dernier, son opposition à tout durcissement de la loi Évin. Une déclaration qui a sonné comme un désaveu de sa ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Cette dernière avait estimé quelques jours plus tôt que « l'industrie du vin laisse croire aujourd'hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky, il y a zéro différence ! »
Conséquence de cette injonction de l'exécutif : le volet alcool du plan ne contiendra pas de nouvelles mesures réglementaires, et notamment pas de nouvelles taxes ou d'établissement d'un prix minimum par unité d'alcool. Il devrait en revanche assurer la mobilisation des différents acteurs, des préfets aux distributeurs, pour permettre véritablement l'application de la réglementation encadrant la vente d'alcool, et surtout l'interdiction de vente aux mineurs et aux personnes déjà fortement alcoolisées.
Les nouvelles mesures à l'arrêt
Le retard pris par le plan n'est pas sans conséquence : plusieurs mesures de santé publique ont été retoquées devant l'Assemblée au prétexte qu'elles pourraient figurer ou entrer en conflit avec celles contenues dans le plan. Ce fut notamment le cas de plusieurs amendements destinés à lutter contre la consommation d'alcool. Ces derniers ciblaient notamment les « prémix », qu'ils souhaitaient faire rentrer dans les champs d'application de la loi de 2004, instituant une taxe de 11 euros par décilitre. La ministre Agnès Buzyn n'avait pas soutenu ces amendements, tout en assurant que le sujet des prémix et des produits d'appel figurerait en bonne place dans le plan de la MILDECA.
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