Première contraception, mode d’emploi

Le recueil d'informations est fondamental pour la prise en charge et la prescription

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Publié le 05/03/2018
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Crédit photo : PHANIE

« La première consultation pour demande de contraception constitue une rencontre privilégiée, souvent redoutée par la très jeune fille, explique le Pr Geneviève Plu-Bureau, gynécologue médicale à l’Hôpital de Port-Royal (Paris). Il s’agit d’une consultation longue, qui doit être menée avec rigueur car le recueil des informations est fondamental pour la prise en charge et la prescription de la contraception. Délicatesse, discrétion, douceur et confidentialité sont les clés d’une relation de confiance établie. »

Après avoir accueilli sa patiente, le gynécologue structure le rendez-vous autour de différentes étapes essentielles. Si la question de la première contraception se pose au médecin généraliste, celui-ci peut s’inspirer de ce déroulé : « c’est d’ailleurs pour cela que notre ouvrage comporte des fiches techniques synthétiques très précises et concrètes », ajoute Geneviève Plu-Bureau.

L’interrogatoire est le temps essentiel de la consultation. « Il doit permettre de collecter un grand nombre d’informations sur la jeune fille, précise le Pr Plu-Bureau. Environnement affectif, scolaire ou professionnel, antécédents familiaux, thérapeutiques éventuelles, nature de son cycle, évolutions pondérales… Nous tâchons de faire un tour complet afin d’avoir en main tous les éléments. » Après l’interrogatoire, il peut y avoir un examen clinique – « mais pas forcément, si la patiente ne se sent pas encore prête » - suivi par la prescription d’examens complémentaires, « en cas d’antécédents familiaux vasculaires par exemple ».

Choix contraceptifs

Après avoir échangé longuement avec sa patiente, après avoir mené les examens cliniques et/ou complémentaires nécessaires, le médecin présente les différents choix contraceptifs qui peuvent lui correspondre. « Beaucoup de pédagogie et d’adaptation individuelle sont indispensables à ce stade de la consultation », note Geneviève Plu-Bureau. Contraception œstroprogestative (COP), contraception progestative (CP), dispositif intra-utérin : « l’option retenue dépend de la patiente, en fonction de son expérience, de ses besoins et des résultats des examens éventuels réalisés, ajoute Geneviève Plu-Bureau. Une fois qu’ont été exposées les possibilités, que les avantages et les inconvénients de chacune ont été présentés, une information systématique sur la contraception d’urgence et sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) est faite. »

Alerte sur les risques cardio-vasculaires

Au cours de cette première consultation, le médecin doit présenter les avantages et les inconvénients et revenir sur « la balance bénéfices/risques » de ces thérapeutiques : un focus sur les risques cardio-vasculaires est l’étape majeure. « Les maladies veineuses thromboemboliques constituent le principal effet délétère des contraceptions œstroprogestatives, détaille le Pr Plu-Bureau. La prescription d’une contraception doit donc tenir compte des facteurs de risque vasculaire, artériel et veineux ». Les COP de deuxième génération seront le plus souvent privilégiées. Enfin, le Pr Plu-Bureau souhaite rappeler que « l’association migraines avec aura et contraception œstroprogestative augmente le risque d’accidents cardio-vasculaires ». Parler des céphalées avec ses jeunes patientes est par conséquent impératif.


*Guide pratique de la contraception – Les dernières méthodes, les conduites à tenir, toutes les circonstances cliniques, les facteurs de risque, Brigitte Raccah-Tebeka et Geneviève Plu-Bureau, Collection « Mediguides », Éditions ELSEVIER.

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9645