L E procès du tueur en série Guy Georges, qui vient de se terminer, aura été le plus achevé des films d'horreur. La réalité y a largement dépassé la fiction. Les comptes rendus radiophoniques donnaient la nausée à l'auditeur.
« Le Quotidien » en a fait hier un tour d'horizon rapide avec l'aide de quelques psychiatres qui, comme ceux qui ont témoigné pendant les débats, ont montré que la médecine ne dispose d'aucun moyen de prévention, de contrôle ou thérapeutique pour les agissements d'un violeur-tueur de ce genre.
Guy Georges a d'ailleurs été incapable d'exprimer ses motivations. Instrument du nihilisme, il nous fait pénétrer dans le néant.
Il est sans doute utile qu'il ait fini par faire des aveux après avoir tergiversé pendant plusieurs jours d'audience. Mais la souffrance des victimes n'en est pas diminuée, parce que rien ne peut expliquer son comportement. On ne peut dire ni qu'il est malade ni qu'il ne l'est pas, ni qu'il ait pris un plaisir délétère dans ses crimes ni qu'il n'en ait pas pris, ni qu'il fût déterminé par le sadisme, ni qu'il ait appliqué à d'autres les sévices dont il aurait souffert, ni qu'il ait apaisé de terribles frustrations, ni qu'il fût à plaindre avant d'être jeté en pâture à la vindicte publique.
Il n'existe donc pas l'ombre d'un raisonnement qui puisse inscrire cet homme dans une forme humainement concevable de déterminisme. Or le seul moyen de rassurer tous ceux que ses crimes épouvantent serait de trouver le fil conducteur de son comportement, l'explication rationnelle de ses actes, le rapport de cause à effet entre son passé lointain et son passé plus récent. Guy Georges ne représente qu'une anomalie, comme le millionième objet produit par une chaîne industrielle et qui serait non conforme. Cela prive ses victimes du sens de leur destin et leurs familles de leur travail de deuil. Elles reçoivent un message selon lequel il s'est produit une série d'accidents, alors que la procédure de viol et d'assassinat n'a rien de fortuit. On cherche, au-delà du bourreau, ce qu'il peut y avoir, en définitive, d'humain en lui, on ne découvre qu'une sorte d'inacceptable fatalité. Et on ne saura jamais pourquoi ces jeunes femmes ont vécu une fin aussi atroce.
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