Le prix Nobel de médecine a été attribué lundi à un duo d'immunologistes, l'Américain de l'université californienne de Berkeley, le Pr James Allison, et le Japonais Tasuku Honjo, de l'université de Kyoto, pour leurs travaux sur le traitement du cancer par inhibition de la régulation immunitaire négative.
Alors que depuis un siècle, l'immunothérapie anti-cancéreuse faisait des progrès "modestes", les co-lauréats du prix Nobel de médecine 2018 l'ont "révolutionnée", a indiqué dans ses motivations l'Assemblée Nobel de l'Institut Karolinska à Stockholm.
Ils ont mis au jour les stratégies des cellules cancéreuses pour contourner les défenses immunitaires en particulier leur captation des protéines PD-1 et CTLA-4, dits « points de contrôle immunitaires », pour neutraliser les cellules T (ou lymphocytes T) censées les combattre. Chacun de leur côté, les deux scientifiques se sont évertués à « lâcher les freins » et « appuyer sur les bonnes pédales d'accélération » du système immunitaire, a précisé le jury Nobel.
Dans les 1990, l’étude des protéines membranaires des lymphocytes T permet au Pr Allison de découvrir un récepteur, le CTLA-4 , dont l'activation inhibe la réponse des lymphocytes T lors de la phase de présentation de l'antigène par des monocytes, des macrophages, des lymphocytes B ou des cellules dendritiques. En 1994, des études sur un modèle de souris atteintes de mélanome ont montré qu'un inhibiteur de CTLA-4 pouvait stopper la progression de la tumeur voire entraîner sa régression dans certains cas. Le premier essai clinique débutera dès l'année suivante.
De son côté, le Pr Tasuku Honjo découvre en 1992 avec la découverte d'un autre récepteur membranaire des lymphocytes T : le PD1.
Au final, c'est en 2011 pour que le premier inhibiteur de CTLA-4, l'ipilimumab, est autorisé dans le traitement du mélanome métastatique par la FDA et l'agence européenne du médicament (EMA). Et c'est en 2014 que le premier anti-PD1, le nivolumab, reçoit une Amm aux États-Unis et en 2015 en Europe.
« Je suis honoré de recevoir cette reconnaissance prestigieuse », a-t-il réagi sur son site Internet. « Les scientifiques ambitionnent simplement de repousser les frontières du savoir. Mon intention n'était pas d'étudier le cancer mais de comprendre la biologie des cellules T, ces cellules incroyables qui parcourent notre corps pour le protéger. »
De son côté, le Pr Honjo a indiqué en conférence de presse à l'Université de Kyoto vouloir « continuer [sa] recherche (...) afin que l'immunothérapie sauve plus de patients atteints du cancer que jamais ».
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