« Pas de chirurgie systématique dans le cancer du rein métastatique de risque intermédiaire ou élevé»

Le Pr Pierre Mozer, chirugien urologue à l'hôpital La Pitié-Salpètrière, nous répond sur les points marquants de l'année 2018 dans son domaine d'expertise.

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Publié le 20/12/2018
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le Quotidien : Pourquoi les résultats de l'étude CARMENA modifient l'attitude thérapeutique actuelle dans le cancer du rein ?

Les résultats de l’étude CARMENA montrent que le traitement par sunitinib en monothérapie était non inférieur au traitement standard de référence associant chirurgie et thérapie ciblée. Parmi les 13 000 cancers du rein diagnostiqués chaque année en France, 20% sont d’emblée métastatique.

Depuis l’arrivée du sunitinib et jusqu’à il y a peu, le traitement de référence était la néphrectomie (si le patient est opérable) suivie d’une thérapie ciblée. Mais l’efficacité très nette du traitement médical a conduit à s’interroger sur la pertinence de la néphrectomie chez tous les patients, question qui a motivé l'étude CARMENA débutée  en 2009 et dont les résultats ont été publiés cette année dans le New England Journal of Medicine. Cet essai académique multicentrique (79 centres majoritairement en France), coordonné par le Pr Arnaud Méjean (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) a inclus 450 patients atteints d’un cancer du rein métastatique de risque intermédiaire ou élevé.

Il s’agissait de tumeurs à cellules claires, de grande taille (plus de 80 mm en moyenne), chez des patients en bon état général qui ont été randomisés pour bénéficier soit du traitement de référence, soit d’un traitement par sunitinib en monothérapie à la même dose et pour une même durée.

Après un suivi médian de 50,9 mois, la survie globale (critère principal d’évaluation) n’était pas inférieure dans le bras thérapie ciblée seule versus bras chirurgie+sunitinib : 18,4 mois versus 13,9 mois (HR = 0,89). La survie sans progression (critère secondaire) tendait aussi à être supérieure dans le groupe traitement médical seul : 8,3 mois versus 7,2 mois en cas de néphrectomie préalable (HR = 0,82).

Ces résultats constituent une avancée majeure car ils apportent une réponse claire à une question très pratique : il n’est pas nécessaire d’opérer systématiquement les patients ayant un cancer du rein métastatique de risque intermédiaire ou élevé.

 

 

 

 

D’après un entretien avec le Pr Pierre Mozer, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9712