L E prix Louis-Jeantet de médecine récompense, chaque année, des scientifiques qui se sont distingués dans la recherche biomédicale en Europe. Cette année, les trois lauréats sont le Pr Alain Fischer (France), le Dr Iain W. Mattaj (Grande-Bretagne) et le Pr Alfred Wittinghofer (Allemagne). La fondation Louis-Jeantet leur attribue un montant global de 1,8 million de francs suisses pour la poursuite de leurs travaux et chaque lauréat reçoit, à titre personnel, un montant de 100 000 F suisses.
Professeur d'immunologie pédiatrique, Alain Fischer dirige la recherche clinique de l'unité INSERM d'immunologie et d'hématologie pédiatrique à l'hôpital Necker - Enfants-Malades. Avec son équipe, il a élucidé la cause moléculaire de plusieurs maladies héréditaires qui empêchent le développement des lymphocytes et provoquent une déficience des défenses immunitaires. Ces maladies sont découvertes, dès les premiers jours de vie, chez certains enfants, lesquels doivent être protégés dans un environnement stérile. Très récemment (les résultats ont été publiés le 28 avril 2000 dans « Science »), ils ont réussi à corriger d'une façon durable le défaut génétique du déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X en introduisant, dans les cellules souches des patients, le gène codant une sous-unité commune à plusieurs récepteurs de cytokines. C'est la première réussite mondiale d'une thérapie génique.
Deux autres lauréats
Le Dr Iain W. Mattaj travaille au laboratoire européen de biologie moléculaire à Heidelberg, dont il est le coordinateur scientifique. Il y dirige également son équipe de recherche sur l'expression génétique. Il a découvert que l'exportation du noyau de la cellule est gouvernée par la reconnaissance entre macromolécules transportées et récepteurs. Il a isolé et caractérisé plusieurs de ces récepteurs d'exportation et montré que leur fonctionnement ressemble aux récepteurs d'importation qui ont besoin d'une enzyme, la Ran GTPase. Iain W. Mattaj a récemment découvert que la Ran GTPase joue également un rôle dans le positionnement des chromosomes lors de la division cellulaire et de l'assemblage de la membrane nucléaire après la division. Des applications en virologie peuvent être envisagées à partir de ces connaissances fondamentales. Une fois le mécanisme du transport connu, on peut en effet imaginer des agents qui empêcheraient les acides nucléiques de virus de pénétrer dans le noyau ou d'en ressortir après leur multiplication.
Professeur de biochimie, Alfred Wittinghofer est directeur à l'institut Max-Planck de physiologie moléculaire à Dortmund. Il est connu pour avoir élucidé, le premier, la structure tridimensionnelle correcte de Ras (protéine dont la particularité est de transformer une cellule normale en une cellule cancéreuse) et analysé l'effet de mutations sur son mode d'action. Sa recherche est accompagnée d'importantes innovations techniques pour l'analyse des protéines. Ce travail permet d'avoir une idée précise des causes de la transformation cellulaire et de comprendre plus généralement la transmission de signaux hormonaux et de maladies qui y sont associées.
Roger-Gérard Schwartzenberg a félicité le Pr Alain Fischer, qui est également conseiller pour la recherche médicale au ministère de la Recherche : « Je me réjouis vivement, déclare-t-il, de voir ce prix, l'un des plus prestigieux prix internationaux, couronner l'excellence de vos travaux et, en particulier, la première réussite mondiale d'une thérapie génique. »« Vous avez ouvert en pionnier de nouvelles voies à l'espérance », dit le ministre de la Recherche, en rappelant que le prix Louis-Jeantet a déjà couronné plusieurs Français (Luc Montagnier, Dominique Stehelin, Nicole Le Douarin, Pierre Chambon, Jean-Pierre Changeux, Philippe Sansonetti et Jean-Louis Mandel).
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