L E président Vladimir Poutine peut-il dresser un bilan positif de sa première année au pouvoir ? En dépit de quelques graves erreurs, notamment sa terrible indifférence à l'égard des victimes de l'accident du sous-marin nucléaire « Koursk », sa popularité n'a pas diminué depuis son élection.
Ses compatriotes, en effet, ne sont pas scandalisés par l'aventure tchétchène, deuxième Afghanistan de la Russie. Il est vrai que les services du président présentent les Tchétchènes comme des terroristes auxquels sont attribués, sans la moindre preuve, des attentats mystérieux.
M. Poutine a établi un semblant d'ordre dans un pays en proie à l'anarchie. Mais les faibles résultats qu'il a obtenus ont été payés au prix d'une réduction considérable des libertés : sous le prétexte d'en finir avec les oligarques, le président les a privés de leur empire, constitué notamment par des journaux et des chaînes de télévision. M. Poutine ne supporte pas, tout simplement, qu'on dise du mal de lui. Là encore, les Russes ne sont pas choqués : un sondage récent montre qu'il existe une forte majorité en faveur du retour au système communiste et à l'Union soviétique.
M. Poutine en profite pour attiser les braises de l'anti-américanisme. Beaucoup des malheurs de la Russie proviendraient de l'arrogance des Etats-Unis, aggravée par l'arrivée de George W. Bush au pouvoir : le président des Etats-Unis ne sera-t-il plus avare que son prédécesseur et n'a-t-il pas le projet diabolique de ruiner l'équilibre nucléaire avec son bouclier antimissiles, interdit par le traité stratégique de 1972 ?
Mais si M. Poutine a mis un peu de rigueur dans la gestion de la Russie, en faisant payer aux entreprises les impôts qu'elles doivent à l'Etat, il n'a guère entamé le pouvoir de nuisance des mille mafias russes qui ont fait de la corruption un mode de vie très répandu aux dépens d'un peuple plongé dans la misère et l'alcoolisme et qui, pratiquement, ne dispose plus d'un système de santé digne de ce nom.
Pendant que Vladimir Poutine s'efforce de restituer à la Russie une sorte de grandeur toute formelle, il n'empêche pas les évasions de capitaux, de l'ordre de 15 milliards de dollars par an. M. Poutine allie donc l'inconvénient d'un début de despotisme à celui de l'inefficacité économique.
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