L ES éditions du Rocher ne prennent pas grand risque : en publiant une nouvelle fois « le Guide Giroud-Hagège de tous les médicaments », elles savent que le succès sera au rendez-vous. Les précédentes éditions en témoignent.
Car les deux praticiens - le Pr Jean Paul Giroud, professeur de pharmacologie à l'hôpital Cochin et le Dr Charles Hagège, ancien interne des hôpitaux de Paris et spécialiste des maladies de l'appareil digestif -, n'en sont pas à leur coup d'essai. Le Guide 2001, qui a été présenté officiellement hier, est en effet la huitième édition de cet ouvrage, dont le premier est paru en 1984, et le dernier en 1998. Chaque fois, ce fut un succès de librairie.
Mais, alors que le premier ouvrage était un simple guide de l'automédication et s'adressait avant tout aux consommateurs pour les aider dans le choix des médicaments qu'ils achètent sans ordonnance, la dernière édition entend être un ouvrage de référence pour les patients bien sûr, mais aussi pour les médecins, concernant tous les médicaments, qu'ils soient remboursés ou pas, qu'ils soient disponibles sur prescription ou pas, qu'ils s'agisse de génériques, de spécialités allopathiques ou homéopathiques, ou de simples plantes. « En tout, explique au « Quotidien » le Pr Jean-Paul Giroud, ce sont plus de dix mille spécialités disponibles dans notre pays et qui ne figurent pas toutes dans les dictionnaires à disposition des médecins, qui sont ainsi étudiées et notées. » Car la grande nouveauté de ce guide 2001 réside dans la notation de 0 à 20 de tous les médicaments.
11 sur 20 pour 55 % des spécialités
Jusqu'à présent, les auteurs s'étaient contentés de juger par une note les spécialités non remboursées. Le Pr Giroud et le Dr Hagège, ne voulaient pas, expliquaient-ils dans leurs précédentes publications, « gêner la communication médecin-malade » en se prononçant sur les médicaments vendus sur ordonnance. Ils franchissent aujourd'hui ce pas et jugent d'ailleurs sévèrement les spécialités disponibles sur le marché français, puisque seulement 55 % d'entre elles, selon leurs critères, méritent une note supérieure à 11 sur 20.
On peut quand même s'interroger sur cette méthode de notation qui peut mettre le médecin en porte-à-faux par rapport à son patient. Que dira le malade s'il découvre que le médicament prescrit par son généraliste, et qui n'est disponible que sur ordonnance, reçoit une note médiocre, voire faible, par les auteurs du Guide ? Ne mettra-t-il pas en doute la compétence de son médecin ? Le Pr Giroud réfute cet argument. « Le généraliste connaît parfaitement ses patients, dit-il. Il sait, dès lors, la prescription qu'il doit délivrer. Le guide que nous proposons aujourd'hui doit simplement l'aider à mieux faire son métier et à améliorer sa prescription. Il faut en effet savoir que les dictionnaires habituels ne sont pas toujours actualisés et qu'un certain nombre de médicaments, déjà sur le marché, exigent une nouvelle information des médecins. » Une information qui incombe normalement aux pouvoirs publics et notamment à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. « Mais il y a, à ce niveau, de graves lacunes », affirme le Pr Giroud, qui estime que le guide qu'il publie avec le Dr Hagège, comble ces lacunes.
« Non seulement, ajoute-t-il, le généraliste est mal informé par le service public, mais il a reçu une formation très insuffisante en pharmacologie au cours de ses études .» Et le Pr Giroud de s'inquiéter déjà des futures épreuves de fin de deuxième cycle des études médicales où, dit-il, aucune épreuve de pharmacologie clinique n'est prévue. « Mieux, explique-il, à Cochin, où j'enseigne, j'ai été contraint de mettre en place un certificat optionnel concernant les médicaments essentiels, tels les antibiotiques. » Un enseignement de dix heures, ce qui est bien insuffisant, commente-t-il.
Le Pr Giroud espère que le Guide qu'il publie aujourd'hui permettra de combler, d'une certaine manière, les lacunes de la formation pharmacologique des futurs médecins généralistes.
« Le Guide Giroud-Hagège de tous les médicaments », éditions du Rocher. 235 F.
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