AIR FRANCE met les moyens pour maintenir ses pilotes au top niveau : son simulateur de vol A380 a coûté 30 millions d’euros. Pour Jean-François Colin, conseiller social à la présidence d’Air France, la sécurité aérienne est à ce prix. « Chacun de nos pilotes reçoit deux séances d’entraînement et deux séances d’évaluation par an, a-t-il déclaré dans le cadre de la dernière Convention on Health Analysis and Management (CHAM 2010, voir « le Quotidien » du 13 octobre), lors d’une table ronde consacrée au développement professionnel continu (DPC). Nos évaluateurs ont la capacité de retirer une licence de vol. Cela arrive rarement, une fois par an. Le but n’est pas de sanctionner, mais de faire progresser nos pilotes ». Aucune part variable dans les revenus de ceux-ci : « Trois critères seulement conditionnent la rémunération de nos pilotes : l’ancienneté, la masse et la vitesse de l’avion. »
Et en médecine ? « Des simulateurs se vendent à partir de 80 000 euros. Il existe des mannequins qui bougent, respirent, transpirent », décrit le Pr Guy Vallancien, président du cercle santé société et de l’école européenne de chirurgie. Mais l’obligation de formation continue n’est pas toujours respectée. Si les revues de morbidité et de mortalité entrent peu à peu dans les mœurs, le DPC, lui, tarde à se mettre en place. « Je n’ai jamais vu un corps de métier aussi immobile que les médecins en France, a épinglé Pierre Teillac, directeur R&D de Pierre Fabre médicaments. On sait tous qu’on peut commencer externe et finir chef de service au même endroit. C’est impossible ailleurs en Europe. »
Se remettre en question.
En Grande-Bretagne par exemple, pas de renouvellement du contrat de travail sans DPC. « Les résultats techniques d’un chirurgien sont passés en revue tous les ans. Tout est remis en question en cas de doute sur sa compétence », note Freddie Hamdy, professeur de chirurgie à Oxford. Un de ses collègues en a fait les frais. Mis à pied pour compétences douteuses et mauvaises relations avec le staff, ce chirurgien a suivi une formation de 18 mois avant de retourner au bloc. « L’équipe est satisfaite, et lui aussi », raconte Freddie Hamdy.
L’ancienne patronne de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) regrette l’obscurantisme qui règne en France sur les résultats médicaux. « Nos citoyens ont un grand besoin d’évaluation », a fait valoir Rose-Marie Van Lerberghe, citant le classement du « Point » « sur lequel tout le monde se précipite ». « Quatre ans après avoir quitté l’AP-HP, des amis m’appellent encore pour savoir où aller. L’accès à l’information est la principale source d’inégalité », a-t-elle conclu.
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