Chez le sujet jeune

Le HDL-cholestérol, un marqueur de risque d'infarctus du myocarde

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Publié le 18/12/2017
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HDL-cholestérol

HDL-cholestérol
Crédit photo : PHANIE

Seul, le foie a la possibilité d’éliminer le cholestérol excédentaire dans la bile. Le cholestérol doit donc être ramené au niveau du foie par une voie métabolique spécifique, la voie de retour ou voie du transport reverse du cholestérol.

À l’origine de cette voie métabolique anti-athérogène, ce sont les HDL (highdensity lipoprotein) naissantes qui constituent les accepteurs initiaux du cholestérol cellulaire. Le HDL-cholestérol pourrait constituer un marqueur du risque d'infarctus du myocarde chez le sujet jeune, suggère une étude menée par la faculté de médecine de Harvard à partir des données de deux grands centres américains (1). Les auteurs ont montré chez 813 hommes et femmes âgés respectivement de moins de 45 et 50 ans ayant eu un IDM au cours des 16 dernières années que ces sujets jeunes ont plus souvent un HDL bas qu'un LDL élevé. Un taux bas de HDL était l'anomalie la plus fréquente, observé chez environ 90 % des hommes et 75 % des femmes.

Un effet totalement nouveau

En cas d'ischémie et lors de la reperfusion, la glycolyse joue un rôle de premier plan en apportant de l'énergie au myocarde. C'est une cible potentielle très intéressante pour préserver le myocarde, améliorer la récupération et ainsi enrichir l'arsenal thérapeutique disponible dans la prise en charge des syndromes coronaires aigus. De telles approches seraient particulièrement pertinentes chez des individus ayant un diabète de type 2. L'insulinorésistance cardiaque perturbe alors davantage la glycolyse, ce qui contribue à un moins bon pronostic après syndrome coronaire aigu. SE Heywood et coll. (institut Baker Heart and Diabetes, Melbourne) ont cherché à évaluer l'effet d'une injection de HDL reconstitué chez des souris en situation d'infarctus expérimental (2). Une injection unique de HDL-cholestérol a été réalisée lors de la reperfusion. Alors que les souris ayant reçu du HDL-cholestérol après syndrome coronaire aigu consommaient plus de glucose que les animaux non traités, les observations à 15 jours ont confirmé les bénéfices sur le muscle cardiaque. Pour confirmer que ces effets positifs étaient bien dus à la glycolyse, les auteurs ont mené des travaux pour mieux décrire le mécanisme mis en œuvre. Dans les 15 minutes qui suivaient la reperfusion, SE Heymood et coll. ont mis en évidence les effets directs du HDL-cholestérol sur l'apport de glucose au cardiomyocyte, la glycolyse, via la voie de signalisation Akt. Il s’agit d’une voie de signalisation intra-cellulaire qui joue un rôle clé dans l’homéostasie cellulaire par sa fonction de régulation de l’apoptose, de la croissance et du cycle cellulaire ainsi que de l’angiogenèse. Observation très importante, le HDL-cholestérol est apparu également bénéfique chez les souris suralimentées et insulinorésistantes. Pour les auteurs, ces résultats plaident en faveur de l’évaluation de l'administration d'injection de HDL-cholestérol dans la prise en charge du post-infarctus immédiat pour préserver la fonction cardiaque. Cette approche pourrait, selon eux, être particulièrement pertinente chez les sujets diabétiques de type 2.

1) Singh A, et al. Cardiovascular Risk and Statin Eligibility of Young Adults After an Myocardial Infarction: Partners YOUNG-MI Registry. J Am Coll Cardiol 2017 (doi: 10.1016/j.jacc.2017.11.007)

2) Heywood SE, et al. High-density lipoprotein delivered after myocardial infarction increases cardiac glucose uptake and function in mice. Sci Transl Med 2017; 9(411) (doi: 10.1126/scitranslmed.aam6084).

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9628