LE QUOTIDIEN - Les deux fédérations de l'hospitalisation privée, la FIEHP que vous présidez et l'UHP, viennent de refuser de signer les hausses de tarifs des cliniques pour 2001 (2,69 %). Pourquoi ?
Dr MAX PONSEILLE - Parce que le gouvernement traite nos adhérents et nos salariés par le mépris et que c'est insupportable. Les propositions qui nous ont été faites étaient inacceptables, compte tenu de nos enjeux sociaux (financement des 35 heures et rattrapage des salaires de l'hôpital public, NDLR) . La déception des professionnels a été d'autant plus grande que nous avons cru, à deux ou trois reprises, qu'il y avait un frémissement dans la réflexion des pouvoirs publics à notre sujet. Je pense même que notre ministère de tutelle a su faire preuve d'une vraie compréhension, mais que la décision a été prise à d'autres niveaux de responsabilité. Il y a déjà des mouvements sociaux dans les cliniques, notamment à Tours. La situation va s'aggraver puisque nous allons ouvrir des négociations salariales avec les mains pratiquement vides. Je suis très soucieux de la santé des établissements, alors je pose la question : faut-il pour qu'on nous entende enfin faire la preuve par le pire, attendre le jour où il n'y aura plus personne pour prendre en charge la moitié de la chirurgie ou de l'obstétrique dans des villes de 40 000 ou 100 000 habitants ?
N'est-ce pas un peu dangereux, compte tenu du précédent de 1999 (vous n'aviez pas signé et le gouvernement vous avait imposé une baisse des tarifs de 1,95 %), de laisser la balle dans le camp du gouvernement ?
A partir du moment où l'on nous fait des propositions inacceptables et même indignes, nous ne pouvons pas signer. Le projet d'arrêté du gouvernement est une douche froide. La hausse prévue des tarifs au niveau national est de 2,69 %, mais ce chiffre intègre les urgences, les tarifications particulières, toutes les enveloppes ciblées. Dans certaines régions, dans certains établissements, les dotations vont être bien plus faibles encore.
Un système sans valeur
Est-ce l'ensemble du dispositif de l'OQN (objectif quantifié national) qui est à revoir ?
Ce système de maîtrise sans valeur et sans fondement pour l'hospitalisation est fini. Nous n'en voulons plus. Il faut des procédures, sous forme d'enveloppes, qui tiennent compte des effets de volume, des effets de champ, qui essaient de prendre en considération la modernité de l'offre de soins, l'évolution des techniques et les nouvelles missions qui nous échoient (les urgences, la néonatalogie). Une fois cela installé, on peut concevoir des mécanismes de surveillance, mais médicalisés. Or, aujourd'hui, on se complaît dans une maîtrise économique qui n'a aucun sens : on a mis le couvercle sur la marmite au début des années quatre-vingt-dix et toute la politique menée depuis consiste à maintenir ce couvercle bien fermé.
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