L ES effets à long terme du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) sur le système nerveux humain sont mal connus. Pourtant, les pulvérisations pratiquées ont été interdites dans de nombreux pays en raison de la persistance du produit dans la nature et d'effets délétères sur la santé. Une indécision quant à cette interdiction règne dans des pays où le DDT est utilisé dans la lutte contre le paludisme. Un élément de réflexion sera apporté par un travail paru dans le « Lancet », qui révèle l'existence d'une atteinte tardive du système nerveux en cas d'exposition prolongée à l'insecticide.
L'étude a été menée au Costa Rica, en collaboration avec des scientifiques néerlandais, et a porté sur des hommes retraités ayant travaillé pendant deux ans au moins dans une fabrique de DDT. Ils ont été comparés à autant de témoins appariés. Au départ, 55 sujets âgés de 55 à 70 ans ont été enrôlés. Ils ont été au contact de la substance entre 1955 et 1996. Après application de critères sévères d'exclusion, destinés à limiter le risque d'erreurs, 27 sujets (et autant de témoins) ont pu subir les bilans. Ils comportaient : un examen clinique ; des questionnaires sur les activités professionnelles, l'état de santé, le mode de vie, une symptomatologie psychiatrique ou neuropsychologique ; une batterie de 17 tests neurocomportementaux, enfin, évaluant les fonctions cognitives, motrices et sensorielles.
Diminution moyenne des performances de 20 %
« Le groupe exposé, racontent les auteurs, avait des performances globales plus faibles, avec une diminution moyenne des performances de 20 %. Les différences majeures entre les groupes portaient sur l'attention verbale, la rapidité et le séquençage visuomoteurs. Les déficits étaient les plus flagrants dans le sous-groupe à forte exposition... Le groupe exposé rapportait également significativement plus de symptômes neuropsychologiques et psychiatriques que le groupe contrôle. »
Les auteurs concluent en confirmant l'effet délétère du DDT sur le système nerveux, y ajoutant une relation directe avec le nombre d'années d'exposition. « Même de faibles changements dans les fonctions du système nerveux dus à l'exposition toxique ont des répercussions importantes chez les sujets âgés, en raison de leur capacité réduite à compenser leur déficit, conduisant à un vieillissement accéléré. »
Berna van Wendel de Joode et coll., « Lancet », vol. 357, 31 mars 2001, pp. 1014-1016.
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