L E Centre national des professions de santé (CNPS) est désormais sur tous les fronts. Après avoir proposé un projet alternatif en matière de maîtrise des dépenses de santé (« le Quotidien » du 2 avril), il va soumettre dans les prochains jours au Fonds d'aide à la qualité des soins de ville un projet de logiciel-socle de communication afin de faciliter les échanges de données informatiques entre professionnels.
En effet, malgré l'informatisation à un rythme accéléré de l'ensemble des professionnels de santé et le développement, désormais rapide, des télétransmissions de feuilles de soins vers les caisses d'assurance-maladie, un certain nombre de problèmes ne sont toujours pas résolus, notamment en ce qui concerne l'échange d'informations entre professionnels.
Le CNPS reproche notamment aux éditeurs de logiciels de proposer des produits focalisés sur la fonction de télétransmission des FSE, rigides, développant des normes « propriétaires » ne permettant pas les échanges entre professionnels et négligeant les fonctionnalités de gestion du cabinet.
Eviter une babelisation
Les griefs du CNPS sont d'autant plus vifs que la concentration qui s'opère dans ce secteur économique, dénoncée en son temps par le syndicat MG-France, risque de rendre les médecins de plus en plus « captifs » des réseaux de communication développés par ces même éditeurs.
Pour surmonter l'ensemble de ces difficultés, le CNPS propose donc, comme l'avait suggéré MG-France (« le Quotidien » du 12 octobre 2000), la mise en place d'un « socle logiciel de communication » public et gratuit, sorte d'architecture technique commune à l'ensemble des fonctions informatiques des professions de santé. Il servirait d'interface pour toutes les applications spécifiques qui pourraient être développées ensuite par les éditeurs. Baptisé « solution ouverte santé informatique », il permettrait, en développant des normes standards, de faciliter les échanges d'informations avec n'importe quel interlocuteur existant, d'assurer leur sécurisation ainsi que celle des données stockées sur le poste de travail des professionnels, de garantir la liberté de communication des professionnels en dehors de réseaux « propriétaires » et de garantir la pluralité et l'indépendance des bases de données médicales accessibles par ce biais.
Ce dispositif, qui comprendra les standards de messagerie et de navigation sur Internet, sera à même, par simple paramétrage, de répondre à des fonctionnalités spécifiques à chaque métier, que ce soit l'envoi des FSE ou l'accès à des serveurs de données médicales (ordonnances sécurisées), de résultats d'analyses biologiques ou de radiographie.
« Il ne s'agit en aucun cas d'aller à l'encontre de la libre entreprise ni d'entraver l'activité des éditeurs de logiciels indépendants, explique le CNPS, mais de mettre en place des normes d'échanges, des outils de communication et de sécurité à travers un solution ouverte, publique et gratuite. Déchargés de cette contrainte technique, les éditeurs pourront au contraire recentrer leur moyens sur leur métier d'origine, à savoir le développement d'applications spécifiques. »
Pour soutenir financièrement ce projet, le CNPS en appelle donc au Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV). Il fait valoir qu'à travers ce socle de communication, le projet favorise la coordination des soins entre professionnels, le partage de l'information et l'amélioration des pratiques professionnelles. « Dans la perspective de la dématérialisation des échanges et du dossier médical partagé, il est indispensable que soient utilisés des socles communs d'échange afin d'éviter une "babelisation" du paysage informatique », insiste le CNPS. Après une phase d'étude et de réalisation, ce projet, développé par le CNPS lui-même, via une société commerciale, serait expérimenté et évalué auprès d'un échantillon de professionnels, puis l'accès pourrait en être généralisé pour les professionnels qui le souhaitent.
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